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Acrylonitrile

Fiche toxicologique n° 105

Sommaire de la fiche

Édition : Novembre 2017

Recommandations

En raison de la toxicité de l'acrylonitrile, des mesures sévères de prévention s'im­posent et des exigences particulières sont à respecter lors de son stockage et de sa manipulation.

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker l'acrylonitrile dans des locaux frais, munis d'une ventilation efficace, à l'abri des rayons du soleil et de toute source d'ignition ou de chaleur (flammes, étincelles...), à l'écart des produits incompatibles (acides forts, bases, oxydants, amines).
  • Afin d'éviter tout risque de polymérisation, conserver l'acrylonitrile à l'abri de la lumière. Ne jamais le stocker sous atmosphère inerte. Contrôler régulièrement la teneur en inhibiteur conformément aux recommandations du fabri­cant.
  • La zone de stockage sera balisée par une signalisation rappelant la nature du produit stocké et des risques qu'il présente. Seul le per­sonnel autorisé et informé pourra y pénétrer. Il conviendra de limiter autant que possible les quantités stockées.
  • Le sol des locaux sera incombustible, imper­méable et formera cuvette de rétention, afin qu'en cas de déversement accidentel le liquide ne puisse se répandre au-dehors.
  • Interdire de fumer.
  • Mettre le matériel électrique et non électrique en conformité avec la réglementation en vigueur concernant les explosions [24].
  • Prendre toutes dispositions pour éviter l'ac­cumulation d'électricité statique.
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter correctement. Reproduire l'étiquetage en cas de fractionnement des emballages.
  • Équiper les locaux de détecteurs de fuites et de systèmes d'alarme.
Manipulation
  • Instruire le personnel des risques présentés par le produit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d'accident. Les procédures spéciales feront l'objet d'exercices d'entraînement.
  • Éviter l'inhalation de vapeurs ou de brouillards. Effectuer en appareil clos (équipé d'un système de condensation) toutes opéra­tions industrielles. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour cer­tains travaux de courte durée, à caractère exceptionnel ou pour des interventions d'ur­gence.
  • Limiter, au strict besoin de l'activité, le nombre de personnes susceptibles d'être exposées à l'acrylonitrile.
  • Ne pas utiliser d'air ou d'oxygène com­primé pour effectuer le transvasement ou la circulation de l'acrylonitrile.
  • Faire effectuer régulièrement des contrôles d'atmosphère destinés à vérifier le respect des valeurs limites.
  • Empêcher le contact du produit avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du person­nel des vêtements de protection, des masques, des gants (par exemple en caoutchouc butyle) et des lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
  • Prévoir l'installation de douches et de fon­taines oculaires.
  • Ne pas fumer, boire et manger dans les ate­liers. Observer une hygiène corporelle et vesti­mentaire très stricte : passage à la douche, lavage soigneux des mains après manipulation et changement de vêtements après le travail, rangement séparé des vêtements de ville et des vêtements de travail. L'employeur assurera l'entretien et le lavage fréquent des vêtements de travail qui devront rester dans l'entreprise.
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu de l'acrylonitrile sans prendre les précautions d'usage[25].
  • En cas de fuite ou de déversement acciden­tel, récupérer immédiatement le produit après l'avoir recouvert de matériau absorbant inerte (sable, terre). Laver ensuite à grande eau la surface souillée.
    Si le déversement est important, supprimer toute source potentielle d'ignition, aérer la zone, évacuer le personnel en ne faisant inter­venir que des opérateurs entraînés munis d'un équipement de protection approprié.
    Ne pas rejeter à l'égout ou dans le milieu natu­rel les eaux polluées par l'acrylonitrile.
  • Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions autorisées par la régle­mentation (incinération contrôlée, par exemple).

Au point de vue médical

  • Eviter d’exposer les sujets atteints d’une maladie respiratoire chronique, d’une dermatose chronique.
  • Lors des visites initiales et périodiques:
    • Examen clinique : Rechercher particulièrement des d’irritations oculaire, respiratoire ou cutanée ou des signes d’atteinte neurologique.
    • Examens complémentaires : La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (épreuves fonctionnelles respiratoires, bilan hépatique, NFS …) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

 

L’exposition aiguë à l'acrylonitrile peut rapidement conduire à une intoxication grave (d’autant plus que le délai d’apparition des symptômes est bref) qui doit être considérée comme une urgence médicale absolue. Dans ce contexte, afin d’assurer l’efficacité de la prise en charge de la victime, un protocole précis d’organisation des secours en cas d’accident doit être établi de façon anticipée, par écrit, par le médecin du travail en collaboration avec les responsables de l'en­treprise, le CHSCT, les secouristes et les orga­nismes extérieurs de secours d'urgence. Ce protocole doit notamment comporter les précautions à prendre pour éviter les accidents en chaine (intoxications des premiers intervenants), les coordonnées des personnes et organismes à contacter en ur­gence, les modalités des premiers soins à donner aux victimes (matériel de 1er secours nécessaire et modalités d’utilisation des produits).

L’information et la formation régulière du personnel aux gestes de première urgence à appliquer lors de ce type d’accidents doit-être organisée. La présence de secouristes formés, entraînés et périodiquement recyclés doit également être prévue dans les ateliers où sont effectués des travaux dangereux.

Le matériel de secours nécessaire doit être placé à proximité des ateliers, en dehors des zones à risque, et doit être vérifié et entretenu régulièrement. Il comprend notamment des appareils de protection individuelle pour les secouristes, des douches pour la décontamination cutanée et oculaire, du matériel de venti­lation assistée et surtout d’oxygénothérapie avec masque, ainsi qu’une trousse d’urgence dont le contenu et l’utilisation seront précisés par le médecin du travail. La mise à disposition éventuelle d’antidotes sur place sera décidée par le médecin du travail en collaboration avec les organismes extérieurs de secours d'urgence. En cas d’accident, la décision d’administration des antidotes et des traitements associés (oxygénothérapie notamment) ne sera prise qu’après avis médical, sur la base de la symptomatologie et/ou de la forte présomption d’intoxication et selon l'éloignement des services d'urgence.

 

Conduite à tenir en cas d’urgence

  • En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier par ambulance médicalisée dans les plus brefs délais (en raisons de la possibilité d’effets retardés) . Retirer le plus rapidement possible les vêtements souillés (en prenant toutes les précautions nécessaires pour les sauveteurs notamment des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation (oxygénothérapie au masque ou en cas d'arrêt respiratoire ventila­tion assistée au masque) en évitant de prati­quer la ventilation assistée au bouche à bouche.
  • En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU. Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles
  • En cas d'inhalation, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier par ambulance médicalisée dans les plus brefs délais (quel que soit l’état initial car les symptômes peuvent être d’apparition retardée). Retirer le plus rapidement possible les vêtements souillés (en prenant toutes les précautions nécessaires pour les sauveteurs, notamment des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant toutes les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation (oxygénothérapie au masque ou en cas d'arrêt respiratoire ventila­tion assistée au masque) en évitant de prati­quer la ventilation assistée au bouche à bouche. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).
  • En cas d'ingestion, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier par ambulance médicalisée dans les plus brefs délais quelles que soient la quantité et la concentration du produit. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation (oxygénothérapie au masque ou en cas d'arrêt respiratoire ventila­tion assistée au masque) en évitant de prati­quer la ventilation assistée au bouche à bouche.
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