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Bisphénol S

Fiche toxicologique n° 297

Sommaire de la fiche

Édition : Janvier 2024

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme

    Aucune donnée n'est disponible sur la toxicocinétique et le métabolisme du bisphénol S à la date de publication de la fiche toxicologique (2013).

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë

    Le bisphénol S est peu toxique par voie orale, les effets rapportés ayant été observés en présence de doses massives ; par voie cutanée, sa toxicité est faible.

    Très peu d'information est disponible concernant la toxi­cité aiguë du bisphénol S. Des rats mâles ont reçu par gavage de 1 000 à 5 500 mg/kg pc de bisphénol S : pen­dant les 14 jours d'observation, ils présentaient une mau­vaise condition générale, avec augmentation de la diurèse et de la salivation, sédation, dyspnée et diminution de la prise de poids. Tous les animaux exposés à la plus forte dose sont morts dans les 3 premiers jours ; à partir de ces résultats, la DL50 est de 2 830 mg/kg pc [3].

    Chez le lapin, la DL50 cutanée est supérieure à 10 300 mg/kg [2].

    Aucune information n'est disponible par inhalation.

    Irritation, sensibilisation [3]

    In vitro, le test EpiDerm, réalisé sur un modèle tridimen­sionnel de peau, n'a mis en évidence aucun potentiel d'ir­ritation cutanée. L'application de 0,5 g de bisphénol S sur la peau de lapin, pendant 4 heures, confirme le résultat néga­tif obtenu in vitro. Au niveau oculaire, une légère irritation est observée suite à l'application de bisphénol S dans l'œil de lapin mais totalement réversible en 72 heures.

    Un essai de stimulation locale des ganglions lympha­tiques (LLNA) ne met en évidence aucun potentiel sensibi­lisant, après application de 5, 10 ou 25 % de bisphénol S.

    Toxicité subchronique, chronique [3]

    A la suite d’une exposition répétée au bisphénol S, l’appa­reil digestif est la principale cible (foie, cæcum) ; le thymus et les glandes surrénales sont aussi atteints, aux plus fortes doses testées. Il est probable que les néphropathies rappor­tées soient spécifiques aux rats mâles.

    Seule une étude subchronique par voie orale est disponi­ble : des rats ont été exposés par gavage à 0-40-200 ou 1 000 mg/kg/j de bisphénol S, pendant 28 jours, avant une période de récupération de 14 jours. Une diminution de la consommation de nourriture et du gain de poids est rapportée chez les femelles à partir de 200 mg/kg/j et chez les mâles, uniquement à la plus forte dose. À partir de 200 mg/kg/j, la fonction rénale est altérée avec protéi­nurie pour les 2 sexes, présence d'urobilinogène dans les urines et acidification des urines, seulement chez les mâles. Une hyperplasie de la muqueuse cæcale et une nécrose cellulaire de la muqueuse épithéliale sont détec­tées pour les 2 sexes, lors de l'analyse histologique.

    À 1 000 mg/kg/j, deux rats meurent des suites d'une hémorragie intestinale, localisée principalement au niveau du caecum ; tous les animaux présentent une ané­mie modérée et une altération des fonctions hépatique (augmentation du cholestérol total) et rénale (hyperalbuminémie et acidification des urines chez les femelles, aug­mentation de l'activité phosphatase alcaline chez les mâles). Au niveau histopathologique, une augmentation du poids du thymus et du foie est observée chez les ani­maux des deux sexes, associée à une hypertrophie centrolobulaire des hépatocytes et une hématopoïèse extra-médullaire. Une augmentation du poids moyen des glandes surrénales et une hypertrophie des cellules corti­cales de la zone fasciculée de ces glandes sont aussi rap­portées chez les mâles. Les femelles présentent par ailleurs une distension abdominale et chez les 2 sexes, une dilatation cæcale est observée. À partir de ces résul­tats, un NOAEL de 40 mg/kg/j est proposé par les auteurs.

    Une diminution du poids et de la consommation alimen­taire, une hypertrophie des hépatocytes et une distension du cæcum (avec hyperplasie diffuse de la muqueuse épi­théliale) sont rapportées chez les mâles et les femelles exposés à 300 mg/kg/j, pendant 45 jours pour les mâles, et du 14e jour avant l'accouplement au 3e jour postnatal pour les femelles. Chez les mâles, une augmentation du poids du foie est aussi rapportée [3]. À la suite d'une expo­sition répétée au bisphénol S, l'appareil digestif est la principale cible (foie, reins, cæcum) ; le thymus et les glan­des surrénales sont aussi atteints, aux plus fortes doses testées.

    Effets génotoxiques

    In vitro, aucune mutation génique ponctuelle n’est mise en évidence ; des mutations chromosomiques sont rapportées seulement en l’absence d’activation métabolique. In vivo, aucun effet clastogène n’est observé.

    In vitro, tous les tests de mutation génique réalisés sur procaryotes (tests d'Ames) ou sur cellules de mammifères (cellules CHO) sont négatifs [4]. Un test d'aberration chromosomique sur cellules CHO montre des résultats positifs sans activation métabolique à 500 et 600 µg/mL (cytotoxicité à partir de 700 µg/mL) et négatifs avec acti­vation métabolique pour toutes les doses (cytotoxicité à 750 et 1 000 µg/mL) [3, 4].

    In vivo, un test du micronoyau est disponible dans lequel des souris mâles ont été exposées par gavage à 500, 1 000 et 2 000 mg/kg, avant d'être sacrifiées 24 heures après (ou 48 heures après pour les souris exposées à 2 000 mg/kg) [4]. Aucun effet clastogène n'a été observé dans les cellu­les de moelle osseuse.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n'est disponible sur la cancérogénicité du bisphénol S chez l'animal à la date de publication de la fiche toxicologique (2013).

    Aucune donnée n'est disponible chez l'animal.

    Effets sur la reproduction

    Le bisphénol S possède des activités œstrogénique et anti-­androgénique. Chez les mères, il allonge la durée du cycle œstral et entraîne une diminution de l’indice de fertilité. Une diminution du nombre de naissances vivantes et du nombre de nouveau-nés vivants au 4e jour de la lactation est aussi rapportée, aux plus fortes doses d’exposition.

    Fertilité

    Des rats ont été exposés par gavage à 0-10-60 ou 300 mg/kg/j de bisphénol S, les mâles pendant 45 jours, les femelles 14 jours avant l'accouplement, pendant la gestation et jusqu'au 3e jour postnatal. Chez les mères exposées à 300 mg/kg/j, un allongement de la durée du cycle œstral est observé, ainsi qu'une diminution de l'in­dice de fertilité (aucun détail disponible). Aucune modifi­cation n'est rapportée au niveau des indices d'accouplement, de gestation et de mise bas, du nombre de corps jaunes, de la durée de gestation, de la parturition et du comportement au cours de la lactation [3].

    Un test utérotrophique (dont le but est de détecter les substances à activité œstrogénique ou anti-œstrogé­nique) est disponible, réalisé chez de jeunes rates (âgées de 20 jours) exposées par injection sous-cutanée à 0-20­-100 ou 500 mg/kg/j de bisphénol S pendant 3 jours, avec ou sans ajout d'éthinylestradiol à 0,6 µg/kg/j. Les ani­maux sont sacrifiés 24 heures après la dernière injection [5].

    Par rapport aux témoins, le poids absolu et relatif de l'utérus est augmenté chez les femelles exposées à 20 mg/kg/j (+ 30 % en moyenne) et à 500 mg/kg/j (+ 67 % en moyenne) ; aucune augmentation pour le groupe intermédiaire. Lorsque les rates sont exposées en plus à l'éthinylestradiol, une augmentation significative du poids absolu et relatif de l'utérus n'est observée que pour le groupe recevant 20 mg/kg/j. Aucune variation de poids n'est rapportée chez les rates exposées à 100 mg/kg/j ; à 500 mg/kg/j, les poids moyens et absolus des utérus sont diminués de 40 % en moyenne, par rapport aux témoins.

    À partir de ces résultats, les auteurs en concluent que le bisphénol S possède des propriétés utérotrophiques aux doses de 20 et 500 mg/kg/j ; à 500 mg/kg/j, co-adminis­tré à de l'éthinylestradiol, il présente une activité anti-­œstrogénique [6].

    Développement [4]

    Des rats ont été exposés par gavage à 0-10-60 ou 300 mg/kg/j de bisphénol S, les mâles pendant 45 jours, les femelles 14 jours avant l'accouplement, pendant la gestation et jusqu'au 3e jour postnatal (PND3). La dose sans effet maternel est de 10 mg/kg/j et la dose sans effet pour la progéniture est de 60 mg/kg/j. À ces deux doses, le « sex-ratio », le poids à la naissance et la distance ano-génitale des nouveau-nés ne sont pas modifiés, de même que les indices de naissances vivantes et de viabilité au quatrième jour de lactation. Chez les animaux exposés à la plus forte dose, qui provoque une forte toxicité mater­nelle, seule une diminution du nombre de naissances vivantes et du nombre de nouveau-nés vivants au qua­trième jour de lactation est observée [3].

    Effets pertubateurs endocriniens

    Le bisphénol S possède des activités œstrogénique et anti-­androgénique.  

    In vitro, le bisphénol S possède des propriétés œstrogé­niques. Il induit la prolifération des cellules humaines can­céreuses mammaires MCF-7 et possède une affinité pour les récepteurs aux œstrogènes. Sur test des levures asso­ciées à un gène rapporteur, le bisphénol S est très peu (voire pas du tout) œstrogénique sans activation métabo­lique. Cependant, après activation métabolique par du S9 mix, l'activité œstrogénique du bisphénol S augmente, ce qui semble indiquer que ses métabolites possèdent des propriétés œstrogéniques. In vitro, l'activité œstrogénique du bisphénol S est légèrement inférieure à celle du bisphénol A (d'un facteur de 2 à 10) [4]. Une activité anti­-androgénique est également observée[5].

    Le bisphénol S est inscrit sur des listes répertoriant les perturbateurs endocriniens potentiels (Cf. Fiche toxicologique n°0 pour plus de détails). A la date de rédaction de cette fiche toxicologique, il est retrouvé dans la base de données EDlists, sur la liste I des perturbateurs endocriniens (https://edlists.org/the-ed-lists/list-i-substances-identified-as-endocrine-disruptors-by-the-eu).

  • Toxicité sur l’Homme

    Il n’existe aucune donnée de la littérature relative aux risques toxicologiques chez l'homme du bisphénol S.

    Toxicité aiguë

    Aucune donnée n'est disponible chez l'Homme à la date de publication de la fiche toxicologique (2013).

    Toxicité chronique

    Aucune donnée n'est disponible chez l'Homme à la date de publication de la fiche toxicologique (2013).

    Effets génotoxiques

    Aucune donnée n'est disponible chez l'Homme à la date de publication de la fiche toxicologique (2013).

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n'est disponible chez l'Homme à la date de publication de la fiche toxicologique (2013).

    Effets sur la reproduction

    Aucune donnée n'est disponible chez l'Homme à la date de publication de la fiche toxicologique (2013).

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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