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Phtalate de diisodécyle

Fiche toxicologique n° 246

Sommaire de la fiche

Édition : Juillet 2017

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme

    Par voie orale, le DIDP est rapidement mais incomplètement absorbé (phénomène de saturation). L’absorption percutanée est faible ; par inhalation, son absorption est importante. Le DIDP et ses métabolites sont excrétés via les urines et les fèces, sans accumulation dans les tissus après 72 heures.

    Chez l'animal
    Absorption

    Par voie orale, les données disponibles chez le rat indiquent que la quantité de DIDP absorbée par le tractus gastro-intestinal diminue lorsque la dose augmente, signe d’un phénomène de saturation. Ainsi, à la suite de l’administration de 0,1 - 11,2 ou 1000 mg/kg pc de DIDP radiomarqué par gavage, les taux d’absorption sont respectivement de 56, 46 et 17 %, 72 heures après l’exposition[10].

    Par voie cutanée, l’absorption est lente et faible ; le pourcentage absorbé de DIDP pur appliqué sur la peau est de 4 % maximum en 7 jours chez le rat [10]. A la suite d’une application sous pansement occlusif de 30 à 40 mg/kg de DIDP en solution dans l’éthanol, seul 0,5 % est absorbé en une semaine[11].

    Par inhalation, les données disponibles chez le rat indiquent une absorption d’environ 73 %, à la suite d’une exposition à un aérosol de 100 mg/m3 de DIDP pendant 6 heures (exposition seulement de la tête ou « head-only ») [10].

    Distribution

    Après ingestion chez le rat, moins de 1 % du DIDP administré est retrouvé dans les tissus après 72 heures, le reste étant éliminé. Les concentrations les plus importantes sont mesurées dans le tractus gastro-intestinal, le foie et les reins[10].

    Par voie cutanée, seules quelques traces de DIDP sont détectées chez le rat, 7 jours après l’application, au niveau des tissus adipeux et des muscles. La quasi-totalité du produit est retrouvée au niveau du site d’application [11].

    A la suite d’une exposition par inhalation (100 mg/m3 pendant 6 heures), le DIDP est retrouvé principalement dans les poumons (27 %), le tractus-gastro-intestinal (8 %), le foie (9 %) et les reins (10 %) des rats exposés.

    Métabolisme

    Le DIDP est dé-estérifié en phtalate de mono-isodécyle (MIDP) par une lipase pancréatique et une estérase de la muqueuse intestinale avant d’être absorbé et métabolisé, par oxydation de la chaine latérale (formation de métabolites oxydés) ou par hydrolyse (formation d’acide phtalique).

    Les principaux métabolites formés sont un dérivé du monoester oxydé (phtalate de mono-carboxy-isononyle ou cx-MINP) et de l’acide phtalique. Dans une moindre mesure, le phtalate de mono-hydroxy-isodécyle (OH-MIDP) et le phtalate de mono-oxo-isodécyle (oxo-MIDP) ont aussi été identifiés [2].

    Excrétion

    Les principaux métabolites retrouvés dans les urines sont le cx-MINP et de l’acide phtalique et dans une moindre mesure, le OH-MIDP et l’oxo-MIDP ; le dérivé monoester oxydé, le phtalate de monoisodécyle (MIDP) et le DIDP sont retrouvés dans les fèces [10]. L’absence de DIDP ou de MIDP dans les urines indique que le métabolisme oxydatif prédomine chez le rat. Il est à noter que la voie métabolique conduisant à l’acide phtalique est saturable, l’élimination du monoester oxydé étant dans ce cas augmentée [12].

    A la suite d’une exposition de rats par gavage à 0,1 - 11,2 ou 1000 mg/kg pc de DIDP, l’excrétion est principalement fécale (respectivement 57 %, 65 % et 81 % des doses administrées, après 72 heures). L’élimination dans les urines est inférieure (respectivement 41 %, 32 % et 12 %) et biphasique.

    Chez le rat, une excrétion biliaire a été montrée après l’application cutanée du DIDP.

    Par inhalation, la demi-vie d’élimination dans les urines chez le rat est de 16 heures ; elle se partage assez équitablement entre les urines (45 %) et les fèces (41 %).

    Chez l'Homme

    Très peu d’informations sont disponibles chez l’homme. Des études comparatives menées in vitro ont montré que l’absorption cutanée chez l’homme est encore plus faible[14, 15].

    Dans des échantillons d’urines de 129 volontaires, non professionnellement exposés au DIDP, aucune trace de MIDP n’est détectée alors que les métabolites cx-MINP, OH-MIDP et oxo-MIDP sont détectés dans quasiment tous les échantillons [13].

    Surveillance Biologique de l'exposition

    Trois métabolites du phtalate de diisodécyle (DIDP) sont détectables dans les urines chez l’homme : le phtalate de mono-hydroxyisodécyle (OH-MIDP), le phtalate de mono-oxo-isodécyle (oxo-MIDP) et le phtalate de mono-carboxy-isononyle (cx-MINP). Le monoester du DIDP, le phtalate de mono-isodécyle (MIDP), est un métabolite mineur (< 1 %).

    Les dosages des OH-MIDP, oxo-MIDP et cx-MINP  urinaires en fin de poste et fin de semaine  de travail sont proposés pour la surveillance biologique des sujets professionnellement exposés car il s’agit des 3 métabolites principaux du DIDP. Ces paramètres ne sont pas spécifiques (métabolites communs au phtalate de di(2-propylheptyle) (DPHP). Chez 5 salariés de l’industrie des plastiques (joints d’étanchéité de voiture), des taux urinaires médians d’OH-MIDP, d’oxo-MIDP et de cx-MINP en fin de poste de l’ordre de 17, 4,6 et 4,7 µg/L respectivement, sont observés. Des taux urinaires non nuls d’OH-MIDP, d’oxo-MIDP et de cx-MINP sont retrouvés dans la population générale allemande non professionnellement exposée (médianes inférieures à 1, 0,3 et 0,7 µg/L respectivement).

    Il n’existe pas de valeur biologique d’interprétation pour ces paramètres pour la population professionnellement exposée.

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [1, 10]

    Les données disponibles chez l’animal montrent que le DIDP présente une toxicité aiguë faible quelle que soit la voie d’exposition. Il n’est pas irritant et semble posséder un potentiel sensibilisant faible par voie cutanée.

    Les études disponibles sont anciennes, réalisées avant l’établissement des lignes directrices de l’OCDE et très peu détaillées. Par voies orale et cutanée, les DL50 sont respectivement supérieures à 29,1 g/kg (rat) et 3,16 g/kg (lapin) ; par inhalation, la CL50 est supérieure à 12,54 mg/l (rat, 4 heures d’exposition, « nose only »). Aucune mortalité n’est rapportée. Les seules manifestations observées à ces doses sont, pour la plupart, des signes locaux, sans toxicité systémique évidente :

    • par voie orale, diarrhée et perte de poids,
    • par voie cutanée, érythème et desquamation légers,
    • par inhalation, apparition de foyers rouge-sombre au niveau du parenchyme pulmonaire.

    Irritation, sensibilisation

    Chez le lapin, cinq études d’irritation cutanée avec des temps d’application de DIDP pur allant de 5 minutes à 24 heures n’indiquent que des effets peu marqués (rougeur, irritation ou œdème légers) et réversibles. Sur l’œil (sept études chez le lapin), on note soit une absence d’effet soit de légers effets limités à une rougeur et un œdème de la conjonctive, tous les deux réversibles.

    En ce qui concerne la sensibilisation cutanée, plusieurs essais ont été réalisés chez le cobaye (deux tests de Buehler et un test de Magnusson et Kligman). Un test de Buehler donne des résultats positifs. Toutefois, la forte irritation observée dans la phase d’induction n’est rapportée dans aucun autre test et rend difficilement explicable le résultat positif obtenu. Les 2 autres tests donnent des résultats négatifs mais leur interprétation est limitée du fait de l’absence d’irritation observée dans la phase d’induction. Ces résultats ainsi que les données chez l’homme (de rares cas de sensibilisation rapportés) suggèrent que le DIDP pourrait posséder un potentiel sensibilisant faible [2].

    Aucun essai spécifique n’a été réalisé pour apprécier les effets irritants ou sensibilisants au niveau du tractus respiratoire ; toutefois, l’examen de l’ensemble des données physico-chimiques et toxicologiques suggère que le DIDP est dépourvu de potentiel sensibilisant respiratoire. 

    Toxicité subchronique, chronique

    Chez les rongeurs, l’exposition répétée par voie orale au DIDP entraîne une hépatomégalie, associée au niveau histologique, à une spongiose, des nécroses ou des hyperplasies, et à des perturbations enzymatiques, signe de prolifération de peroxysomes. Cette propriété, spécifique du rongeur, est également observée avec d’autres phtalates. Une augmentation du poids des reins est aussi rapportée chez le rat avec des changements histologiques caractéristiques d’une néphropathie à α2-microglobuline, spécifique des rats mâles. Par inhalation, seuls des effets locaux apparaissent.

    Dans une étude de 28 jours, des rats ont été exposés à 5000 et 10 000 ppm de DIDP, en mélange dans la nourriture (600 - 1100 et 1250 - 2100 mg/kg pc/j, mâles-femelles). Aucun signe de toxicité n’est rapporté, le poids moyen corporel des animaux et les paramètres biochimiques et urinaires restent inchangés. Seule une légère augmentation du poids du foie est observée à la plus forte dose, sans modification histologique associée [1].

    Au cours d’une étude 90 jours, les rats ont été exposés à 800 - 1600 - 3200 ou 6400 ppm de DIDP dans la nourriture (correspondant à 55 - 60, 100 - 120, 200 - 250 ou 400 - 500 mg/kg pc/j, mâles-femelles). Comme dans l’étude 28 jours, aucune toxicité n’est rapportée, les paramètres biochimiques et urinaires ne sont pas modifiés. Chez les mâles seulement, une très légère baisse du poids corporel est observée à partir de 100 mg/kg pc/j, sans diminution de la prise de nourriture concomitante (considérée sans lien avec le traitement). Le poids moyen du foie est augmenté chez les femelles dès 120 mg/kg pc/j et chez les mâles, à la plus forte dose (400 mg/kg pc/j). A partir de ces résultats, la NOAEL la plus basse identifiée pour les effets hépatiques est de 60 mg/kg/j (femelles, 90 jours) [1].

    L’augmentation du poids du foie (pour les 2 sexes à la plus forte dose) et des reins (mâles uniquement, dès 0,3 %) a aussi été observée dans une étude 90 jours, au cours de laquelle les rats ont reçu 0,05 - 0,3 ou 1 % de DIDP dans la nourriture (soit 28 - 35, 170 - 211 ou 586 - 686 mg/kg pc/j, mâles-femelles) [1].

    Au cours d’une étude de cancérogénicité, des rats ont été exposés pendant 2 ans, via la nourriture, à 0,04 - 0,2 ou 0,8 % de DIDP (correspondant à 22 - 23, 110 - 128 ou 479 - 620 mg/kg pc/j, mâles-femelles). A la plus forte dose, les mâles et les femelles présentent une augmentation du poids du foie et des reins. Au niveau histologique, une légère augmentation de l’incidence de la spongiose hépatique est observée chez tous les mâles exposés au DIDP ; à la plus forte dose, sont aussi rapportées nécrose (mâles et femelles), hyperplasie, hypertrophie et péliose (mâles uniquement). Au niveau rénal, une augmentation de la minéralisation et des néphrites interstitielles est observée chez les mâles exposés à 0,8 %. Chez les femelles, le nombre d’animaux présentant une inflammation des reins est augmenté à 0,04 et 0,2 % alors qu’une diminution du nombre d’animaux avec néphropathie chronique progressive est rapportée à la plus forte dose. Des effets sur la prostate (inflammation, dégénérescence et hyperplasie), la thyroïde (hyperplasie) et les glandes surrénales (hyperplasie médullaire) sont aussi observés mais sans lien avec les doses d’exposition et pour les mâles uniquement [17,18].

    Au cours d’une étude 2 générations, les rats de la génération F0 ont été exposés à 0 - 0,2 - 0,4 ou 0,8 % de DIDP dans la nourriture (correspondant à 103-198/127-203, 211-405/253-416 ou 427-787/508-775 mg/kg pc/j, mâles/femelles), 10 semaines avant l’accouplement et pendant la période d’accouplement. Une légère baisse du poids corporel et/ou de la prise de nourriture est observée chez les femelles exposées à la plus forte dose. Chez les femelles, une augmentation du poids du foie et des reins est observée seulement chez les animaux exposés à 0,4 %. Chez les mâles, une augmentation du poids des reins est rapportée dès 0,2 % avec des changements histologiques caractéristiques d’une néphropathie à α2-microglobuline, spécifique des rats mâles ; une augmentation du poids du foie, avec hypertrophie centrolobulaire, est aussi observée chez tous les animaux exposés, en lien avec la dose d’exposition[19].

    L’ensemble de ces données met en évidence une prolifération de peroxysomes, avec des signes précurseurs visibles dès 90 jours aux fortes doses (augmentation de poids du foie) [2].

    Des études ont été réalisées pour évaluer spécifiquement la prolifération de peroxysomes. Ainsi, des rats ont été exposés à 0,3-1,2 ou 2,5 % de DIDP, mélangé à la nourriture, pendant 21 jours (correspondant à 304-264, 1134-1042 ou 2100-1972 mg/kg pc/j, mâles-femelles). Des modifications des taux de triglycérides et de cholestérol sériques (diminution pour les mâles aux 2 plus fortes doses) ont été observées, ainsi qu’une augmentation de la taille et du nombre de peroxysomes présents dans les hépatocytes et de l’activité des enzymes hépatiques impliqués dans le métabolisme des lipides (palmitoyl CoA oxydase ou acide laurique hydroxylase) [1,10]. Dans l’étude de cancérogénicité disponible, l’expression et l’activité des catalases et oxydases, marqueurs de prolifération de peroxysomes, ont été mesurées : après 12 semaines d’exposition à 0,8 %, une augmentation des niveaux en catalases est observée, alors qu’après 32 et 104 semaines, aucune modification n’est rapportée[17,18]. La prolifération de peroxysomes apparaît ainsi plus marquée pour des expositions subchroniques que chroniques [2].

    Une étude in vitro, menée sur des cultures d’hépatocytes de rat et de singe, confirme la spécificité d’espèce de l’induction de peroxysomes. Le taux d’oxydation du palmitoyl CoA, déterminé chez le rat, est supérieur à celui obtenu chez le singe [1].

    Par inhalation, des rats ont été exposés à 505 mg/m3 de DIDP sous forme d’aérosol (Mass Median Aerodynamic Diameter MMAD 0,98 µm), 6 heures par jour, 5 jours par semaine, pendant 2 semaines. Aucune toxicité systémique n’est observée ; seuls des effets locaux sont rapportés tels qu’une inflammation ou la présence de macrophages dans les alvéoles ou de pneumocytes de type II [1].

    Effets génotoxiques [1]

    Le DIDP ne présente pas de potentiel génotoxique.

    Des résultats négatifs ont été obtenus dans les essais suivants :

    • in vitro, des essais de mutations géniques sur Salmonella typhimurium (test d’Ames) et sur cellules de lymphomes de souris, avec et sans activation métabolique ;
    • in vivo, au cours d’un test du micronoyau réalisé sur cellules de moelle osseuse de souris (dose unique de DIDP, 1250 - 2500 ou 5000 mg/kg pc, par gavage).

    Un test de transformation cellulaire a été réalisé in vitro sur des cellules de souris et donne des résultats négatifs, après une exposition de 72 heures et une période d’incubation de 4 semaines, à des concentrations de DIDP allant jusqu’à 20 µl/ml [20].

    Effets cancérogènes

    En l’état actuel des connaissances, il est difficile de conclure quant à un éventuel potentiel cancérogène du DIDP.

    Très peu d’informations sont disponibles concernant la cancérogénicité du DIDP.

    Après exposition pendant 2 ans à 0,04 - 0,2 ou 0,8 % de DIDP dans la nourriture (correspondant à 22 – 110 – 479 et 23 – 128 – 620 mg/kg pc/j, rats mâles/femelles), une augmentation significative des leucémies à cellules mononucléées est rapportée chez tous les animaux exposés à la plus forte dose. Compte tenu de la forte variabilité de l’incidence naturelle de ces leucémies chez les rongeurs, l’interprétation des résultats obtenus et l’extrapolation potentielle à l’homme sont difficiles[17,18].

    Dans une étude plus récente, des souris transgéniques (CB6F1-rasH2) ont été exposées, via la nourriture, à 0 - 0,1 - 0,33 ou 1 % de DIDP pendant 26 semaines ; en parallèle, des souris non transgéniques ont reçu 0 ou 1 % de DIDP, pendant la même durée. Une augmentation significative du nombre d’adénomes hépatocellulaires est observée à la plus forte dose (correspondant à 1500 mg/kg pc/j) uniquement chez les souris transgéniques mâles (5 animaux sur 15) [21].

    Le DIDP partage avec le phtalate de bis(2-éthylhexyle) (DEHP) et le phtalate de diisononyle (DINP) la propriété d’induire la prolifération de peroxysomes chez les rongeurs (plus ou moins marquée selon les substances). Il a été récemment montré qu’il s’agissait d’une spécificité d’espèce et que cette prolifération ne se produisait ni chez le marmouset ou le singe Cynomolgus, ni au niveau des hépatocytes humains. Les proliférateurs de peroxysomes exercent leur effets via l’activation du récepteur PPARα, le gène responsable de cette activation ne s’exprimant que très faiblement chez l’homme [22].

    Cependant, il doit être souligné que le DEHP était classé par le CIRC dans le groupe 3 « agent ne pouvant être classé quant à sa cancérogénicité pour l’homme en raison d’indications insuffisantes chez l’homme et d’indications limitées chez l’animal » et a vu sa classification révisée en 2012 : il est désormais classé dans le groupe 2B « peut-être cancérogène l’homme ». De nouvelles études sur le DEHP ont en effet suggéré l’implication probable d’autres mécanismes de cancérogénicité hépatique que la prolifération de peroxysomes et l’activation des récepteurs PPARα[2].

    Effets sur la reproduction

    Le DIDP n’altère pas la fertilité chez le rat (les effets observés sur les organes reproducteurs ne sont pas considérés comme biologiquement significatifs). En revanche, concernant le développement, une diminution du taux de survie des nouveau-nés et de leur croissance pondérale a été observée à forte dose, de même qu’une augmentation de l‘incidence de variations squelettiques et viscérales. Le DIDP ne possède pas ou peu d’activités œstrogéniques et/ou anti-androgéniques.

    Fertilité [1, 12, 23]

    La fertilité a été examinée à partir d’études de reproduction sur une génération (0-0,25-0,5-0,75 ou 1 % DIDP dans la nourriture, correspondant à 132-264, 262-521, 414-776 ou 542-1014 mg/kg pc/j pour les mâles, 165-479, 314-897, 500-1334 ou 631-1571 mg/kg pc/j pour les femelles) et deux générations (0-0,2-0,4 ou 0,8 % DIDP correspondant à 103-216, 211-437 ou 427-787 mg/kg pc/j pour les mâles P1 et P2, 127-218, 253-433 ou 508-927 mg/kg pc/j pour les femelles P1 et P2). Dans ces études, aucun effet délétère n’a été rapporté sur les différents paramètres de la reproduction étudiés tels que la capacité d’accouplement, la fertilité, la fécondité et les indices de gestation[1,19].

    Dans une des études sur 2 générations, des effets sporadiques sont rapportés au niveau des organes reproducteurs (augmentation du poids de l’épididyme aux 2 plus fortes doses, seulement chez les mâles de la 1ère génération, diminution du poids des ovaires chez les femelles à la plus forte dose), mais sans modification histopathologique associée et sans impact sur la fertilité des mâles et des femelles : ces effets ne sont donc pas considérés comme biologiquement significatifs. A partir de cette étude, la NOAEL pour la fertilité est de 0,8 % chez le rat soit 427-927 mg/kg pc/j (mâles-femelles) [19].

    Une autre étude 2 générations a été réalisée, dans laquelle les rats ont été exposés à des doses inférieures de DIDP, 0,02-0,06-0,2 ou 0,4 % (correspondant à 11-26, 33-76, 114-254 ou 233-516 mg/kg pc/j pour les mâles et à 14-25, 40-77, 137-266 ou 271-524 mg/kg pc/j pour les femelles). Comme dans les études précédemment citées, aucun effet n’est rapporté concernant les différents paramètres étudiés, liés à la reproduction (accouplement, fertilité, fécondité, gestation, taille des portées ou sex-ratio). Au niveau histopathologique, seuls le foie et les reins ont été examinés [19].

    Au cours d’une étude plus récente, des rats juvéniles ont été exposés pendant 4 semaines à 500 mg/kg pc/j de DIDP par gavage. Le nombre total de spermatozoïdes n’est pas modifié contrairement à leur motilité ou leur vitesse de déplacement [24].

    Développement

    Dans l’étude une génération, une diminution du poids corporel des nouveau-nés est observée à partir de 0,25 % de DIDP (soit 165 mg/kg pc/j)[1].

    Dans les études 2 générations citées plus haut, sont observés[19] :

    • une diminution du taux de survie des nouveau-nés F1 les 1er et 4e jours après la parturition (J1 et J4), et une baisse du poids corporel à J0, chez les animaux exposés à 0,8 % de DIDP (427-927 mg/kg pc/j) ; chez les nouveau-nés F2, diminution du taux de survie à J1 et J4 dès 0,2 % de DIDP (103-218 mg/kg pc/j) et baisse du poids corporel à J0 à la plus forte dose. Chez ces derniers, la baisse de poids est continue après la naissance, alors que pour la génération F1, les nouveau-nés retrouvent un poids normal à la fin du sevrage ;
    • dans l’étude 2 générations réalisée avec des doses plus faibles, aucun effet n’est rapporté chez les nouveau-nés F1 ; par contre, le taux de survie, à J1 et J4, et le poids corporel des nouveau-nés F2 diminuent dès 0,2 % de DIDP. A partir de ces résultats, une NOAEL de 0,06 % (soit 33 mg/kg/j) peut être déterminée.

    Les résultats de deux études sur le développement (administration par gavage à des rates gestantes du 6e au 15e jour de gestation, 0-100-500-1000 ou 0-40-200-1000 mg/kg pc/j) montrent des résultats concordants : absence de malformation viscérale ou squelettique, mais augmentation de l’incidence des variations squelettiques (côtes surnuméraires cervicales et lombaires) dès la dose intermédiaire (respectivement, 500 et 200 mg/kg pc/j) [25, 26]. A la plus forte dose (1000 mg/kg pc/j), des variations des tissus mous (hydrouretère) sont également observées, accompagnées d’une très légère toxicité maternelle (diminution transitoire du gain de poids). A partir de ces résultats, des NOAEL pour le développement de 40 et 100 mg/kg pc/j ont été déterminées. 

    Effets pertubateurs endocriniens

    Le potentiel perturbateur endocrinien du DIDP a été exploré. Aucune activité œstrogénique n’a été rapportée ni in vitro (liaison aux récepteurs œstrogéniques de l’utérus de rate et induction de l’expression des gènes induits par les œstrogènes), ni in vivo (absence d’augmentation du poids de l’utérus, de « cornification » des cellules de l’épithélium vaginal de la rate immature ou ovariectomisée)[2,10]. L’absence d’effet sur la non régression des mamelons, la distance ano-génitale et la séparation du prépuce chez la descendance mâle de rats exposés jusqu’à 295 mg/kg/j (étude deux générations, dans la nourriture) suggère également une absence d’activité anti-androgénique [2,19].

    Un essai de Hershberger (permettant le dépistage à court terme de propriétés (anti)androgéniques) a été réalisé avec des rats castrés, exposés par gavage à 0-20-100 ou 500 mg/kg pc/j de DIDP, pendant 10 jours [27]. A la plus forte dose, le poids moyen de la prostate ventrale et de la vésicule séminale est diminué, suggérant une possible activité anti-androgénique du DIDP, moins forte que celle du DEHP (diminution du poids de la prostate ventrale dès 20 mg/kg pc/j).

    Aucun effet anti-androgénique n’est mis en évidence chez des rats exposés in utero par gavage à 500-750-1000 ou 1500 mg/kg pc /j, du 14e au 18e jour de gestation : absence d’effet sur la production de testostérone testiculaire fœtale et sur le niveau d’expression des gènes impliqués dans la masculinisation [28].

  • Toxicité sur l’Homme

    Il existe peu de données concernant les effets chez l’homme de l’exposition au DIDP. De rares cas de dermatite de contact allergique au DIDP sont rapportés dont deux d’origine professionnelle.

    Aucune donnée concernant des éventuels effets génotoxiques ou cancérogènes du DIDP n’est disponible chez l’homme à la date de publication de cette fiche toxicologique. Les données disponibles chez l’homme ne permettent pas d’évaluer l’éventuel impact de l’exposition au DIDP sur la reproduction.

    Toxicité aiguë

    Aucune donnée n’est disponible chez l’homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Toxicité chronique

    Il existe peu de données concernant les effets chez l’homme de l’exposition au DIDP.

    Deux cas de dermatite de contact allergique professionnelle au DIDP sont rapportés chez des salariés d’une entreprise de fabrication de revêtement en vinyle sur un support papier [29]. Des tests épicutanés sont réalisés avec la batterie standard européenne, la série acrylates et une série préparée avec les produits manipulés au poste de travail. Chez les deux salariés, le patch-test au DIDP (2 % dans la vaseline) est positif à J7. Ce test est négatif chez 11 de leurs collègues.

    Dans une série de 144 sujets testés notamment au DIDP (5 % dans la vaseline), pour suspicion de dermatite de contact allergique aux plastiques et colles, le plus souvent d’origine professionnelle, deux personnes présentent une réaction d’irritation [30].

    En dehors du milieu professionnel, un cas de sensibilisation au DIDP est décrit suite au port d’un bracelet d’identification en PVC contenant ce composé chez une patiente hospitalisée [31]. Les tests épicutanés sont positifs au bracelet et au DIDP à 5 % dans la vaseline et négatifs au DIDP à 2 et 1 % dans la vaseline. Les tests épicutanés au DIDP (5 % dans la vaseline) sont négatifs chez 20 témoins.

    Aucune réaction cutanée irritative ou allergique n’est observée lors de tests cutanés chez des volontaires pour évaluer le potentiel irritant et sensibilisant de 7 phtalates dont le DIDP : test d’irritation préalable avec application unique des substances non diluées, sous occlusion pendant 24 heures, chez 15 sujets ; test HRIPT (Human repeated insult patch test) avec application répétée sous occlusion des composés purs (phases d’induction et de provocation) chez 104 personnes [32].

    Effets génotoxiques

    Aucune donnée n’est disponible chez l’homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible chez l’homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Effets sur la reproduction

    Une étude évaluant l’éventuelle association entre exposition prénatale aux phtalates (estimée par le dosage des métabolites urinaires de 8 phtalates dont le DIDP chez les mères pendant le premier trimestre de grossesse) et distance ano-génitale chez les nouveau-nés des deux sexes ne retrouve pas d’association entre le taux urinaire de phtalate de mono-carboxy-isononyle (métabolite du DIDP) et le paramètre mesuré[33].

    Ces données sont insuffisantes pour évaluer l’éventuel impact de l’exposition au DIDP sur la reproduction.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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