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Trichloroéthylène

Fiche toxicologique n° 22

Sommaire de la fiche

Édition : Juin 2021

Recommandations

En raison de la toxicité du trichloroéthylène, des mesures strictes de prévention s’imposent et des exigences parti­culières sont à respecter (notamment, les règles particu­lières de prévention des risques cancérogènes) lors de son stockage et de sa manipulation.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [68].
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : Lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de vapeurs, aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [69].
  • Réduire le nombre de personnes exposées au trichloroéthylène.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de trichloroéthylène.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés au trichloroéthylène présent dans l’air par un organisme accrédité et s’assurer du respect de la ou des valeurs limites d’exposition professionnelle réglementaire(s) (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité du trichloroéthylène doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [70].
  • Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant du trichloroéthylène doivent faire l’objet d’un permis de feu [71].
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [72].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du trichloroéthylène sans prendre les précautions d’usage  [73].
  • Supprimer toute autre source d’exposition par contamination accidentelle (remise en suspension dans l’air, transfert vers l’extérieur ou contact cutané) en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Le choix des EPI dépend des conditions au poste de travail et de l’évaluation des risques professionnels. Ils ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [74, 75]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [76 à 79].

  • Appareils de protection respiratoire : Leurs choix dépendent des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type A lors de la manipulation de la substance [80].
  • Gants : Les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont les fluoroélastomères. D’autres matériaux peuvent également être recommandés pour des contacts intermittents ou en cas d’éclaboussure. Certains matériaux sont à éviter : caoutchouc naturel, caoutchouc butyle, PVC [81 à 83].
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépendra des conditions d'utilisation du TCE (température de la substance supérieure ou non à son point d'ébullition).
    Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant[84].
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [85].

 

Stockage

  • Stocker le trichloroéthylène dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…).
  • Le stockage du trichloroéthylène s'effectue habituellement dans des récipients en acier ou en acier inoxydable [6]. L'utilisation de l'aluminium et de ses alliages et de certaines  matières plastiques (en dehors des polymères fluorés) est déconseillée [4, 10, 13]Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
  • Fermer soigneusement les récipients contenant du trichloroéthylène et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Séparer le trichloroéthylène des produits comburants. Si possible, la stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par du trichloroéthylène.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de liquide, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte (terre, sable, autre matière inerte...). Laver à grande eau la surface ayant été souillée [86].
  • Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
  • Des appareils de protection respiratoires isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité.
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Éviter d’exposer à des postes comportant un risque d'exposition importante et répétée les sujets atteints d'affections cutanées chroniques ou récidivantes, ceux atteints de pathologies rénales ou hépatiques chroniques, de troubles cardiovasculaires ou d’affections neurologiques graves, ainsi que les sujets atteints d’éthylisme chronique.
  • A l’examen d’embauche et lors des examens périodiques :
    • Examen clinique : rechercher plus particulièrement des signes d’atteintes neurologiques (centrale et périphérique, y compris les paires crâniennes) et psychiques ; des signes d’atteinte cutanée ; des troubles du rythme cardiaque ; une altération des fonctions rénale et hépatique; ainsi que des signes de maladie auto-immune.
    • Examens complémentaires : la périodicité des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
  • Fertilité : il est conseillé de ne pas commencer une grossesse dans les trois mois suivant une exposition accidentelle, maternelle ou paternelle. Des difficultés de conception chez l’homme et/ou la femme seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits. Informer les salariées exposées des dangers de cette substance pour la fertilité et de l’importance du respect des mesures de prévention. Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.
  • Femmes enceintes et/ou allaitantes : L’exposition à cette substance doit être évitée pendant toute la grossesse et l’allaitement du fait de sa génotoxicité sur les cellules germinales et de l’effet famille des solvants organiques. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques. Informer les salariées exposées des dangers de cette substance pour la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention.
  • Autres : Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des vapeurs ou aérosols de cette substance.
  • Surveillance biologique[31] : Les dosages urinaires de trichloroéthylène en fin de poste, d’acide trichloroacétique et de trichloroéthanol en fin de poste et fin de semaine de travail peuvent être recommandés pour la surveillance biologique de l’exposition au trichloroéthylène. Des valeurs limites biologiques (VLB) pragmatiques sont proposées par l’Anses pour ces trois indicateurs sur la base de la relation avec la VLEP-8h de 40 mg/m3 (soit 7 ppm) proposée par l’Anses (valeurs non validées, en cours de consultation). Des valeurs biologiques de référence (VBR) correspondant au 95e percentile des valeurs retrouvées dans des groupes de sujets adultes de la population générale, sont proposées par l’Anses pour le trichloroéthylène et l’acide trichloroacétique urinaires (valeurs non validées, en cours de consultation). D’autres organismes proposent également des valeurs biologiques d’interprétation, pour le milieu de travail et pour la population non professionnellement exposée, pour l’acide trichloroacétique urinaire.

 

  • Conduites à tenir en cas d’urgence :
    • En cas de contact cutané : retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
    • En cas de projection oculaire : rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Si une irritation oculaire apparait, consulter un ophtalmologiste et le cas échéant lui signaler le port de lentilles.
    • En cas d'ingestion : appeler immédiatement le SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Si la victime est consciente, la maintenir au repos, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation.
    • En cas d'inhalation importante : appeler immédiatement le SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).

 

  • Autres : la surveillance en milieu hospitalier des patients victimes d’intoxications par ingestion ou par inhalation doit être prolongée du fait du risque de survenue d’effets retardés. Une attention particulière doit être portée aux fonctions cardiaques, neurologiques, pulmonaires et hépato-rénales. On évitera l’administration de médicaments adrénergiques compte tenu du risque d’arythmies cardiaques.
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