Accès rapides :

Vous êtes ici :

  1. Accueil
  2. Publications et outils
  3. Bases de données
  4. Fiches toxicologiques
  5. Plomb et composés minéraux (FT 59) (rubrique sélectionnée)

Plomb et composés minéraux

Fiche toxicologique n° 59

Sommaire de la fiche

Édition : Mai 2020

Recommandations

Lorsque l'emploi du plomb ou de ses composés est techni­quement indispensable, l'exposition des travailleurs doit être réduite au niveau le plus bas possible. Des mesures très sévères de prévention et de protection adaptées au risque ainsi qu'un suivi médical s'im­posent conformément aux textes réglementaires. 

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident. Les femmes doivent être informées des risques encourus pour l'embryon, le fœtus ou l'enfant allaité, du fait de l'ex­position de la mère. Cette formation est organisée en liai­son avec le médecin du travail.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [31].
  • Prévoir l'installation de douches ainsi que des vestiaires séparés pour vêtements de ville et vêtements de travail ; les vestiaires pour effets personnels seront à l'écart des zones à risque ; les vêtements de travail devront impérati­vement rester dans l'entreprise. Ils seront entreposés de façon à empêcher toute contamination au plomb des zones situées en dehors des zones d'activité.
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : passage à la douche et changement de vêtements après le travail, lavage soigneux des mains avec brossage des ongles, séparation stricte des vêtements de travail et des effets personnels. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • L'employeur assurera l'entretien et le nettoyage fré­quent des vêtements de travail et des équipements de protection individuelle ; ceux-ci seront entreposés dans des containers adaptés, convenablement étiquetés et fer­més. Si le nettoyage est assuré par une entreprise exté­rieure, celle-ci devra être informée de la présence de plomb.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • Réduire l'utilisation du plomb ou de ses composés (lorsqu'elle est susceptible de conduire à une exposition) en le remplaçant, lorsque cela est techniquement possible, par un matériau moins dangereux.
  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée. Contrôler la circulation la circulation du plomb ou de ses composés dans l'entreprise.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de vapeurs, poussières, aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des polluants à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [89]Effectuer autant que possible les mani­pulations en atmosphère humide pour empêcher la dispersion de poussières (par exemple le grattage et le ponçage de peintures au plomb dans des bâtiments anciens).
  • Séparer les postes et locaux où s'effectuent des opéra­tions pouvant dégager des vapeurs, poussières ou fumées de plomb.
  • Vérifier régulièrement les installations et les appareils de protection collective pour les maintenir en bon état.
  • Réduire le nombre de personnes exposées au plomb et à ses composés.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de plomb et de ses composés.
  • Pour chaque poste de travail, procéder à une évaluation des risques et à un contrôle initial de l'exposition ; ce contrôle comportera une mesure du plomb dans l'air et un dosage de la plombémie du travailleur avant son affecta­tion au poste.
  • Faire contrôler annuellement l’exposition atmosphérique des salariés au plomb par un organisme accrédité et s’assurer du respect de la valeurs limite d’exposition professionnelle réglementaire(s) (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air). Un nouveau contrôle technique devra obligatoirement être réalisé dans les quinze jours qui suivent une modification des installations ou des conditions de fabrication susceptibles d'avoir des effets sur les émissions de plomb. 
  • Contrôler également les surfaces sur lesquelles le métal ou ses composés sont susceptibles de se déposer ; les maintenir en parfait état de propreté par des nettoyages fréquents (lavage ou aspiration mécanique).
  • L'exposition des travailleurs sera aussi périodiquement évaluée par un dosage de plomb dans le sang (plombé­mie). Les contrôles doivent être faits par des laboratoires accrédités. En cas de dépassement de la valeur limite bio­logique réglementaire, un contrôle de la concentration atmosphérique au niveau du poste de travail doit être réalisé.
  • En cas de dépassement confirmé de la VLEP, le travail au poste concerné doit cesser jusqu'à la mise en place de mesures appropriées pour y remédier.
  • Empêcher l'inhalation ou l'ingestion de plomb (pous­sières, vapeurs, aérosols, fumées) y compris par contact avec les mains ou des vêtements souillés.
  • Au besoin, les espaces dans lesquels le plomb ou ses composés sont stockés et/ou manipulés doivent faire l’objet d’une signalisation [90].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du plomb ou des composés sans prendre les précautions d’usage [88].
  • Supprimer toute autre source d’exposition par contamination accidentelle (remise en suspension dans l’air, transfert vers l’extérieur ou contact cutané) en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail en utilisant des techniques produisant le minimum de poussières (aspiration à l'aide d'appareils équipés de fil­tres de très haute efficacité et/ou lavage).

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Le choix des EPI dépend des conditions au poste de travail et de l’évaluation des risques professionnels. Ils ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [91, 92]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [93 à 96].

  • Appareils de protection respiratoire : Leurs choix dépendent des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre anti-aérosols de type P3 [97].
  • Gants : Les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont par exemple le caoutchouc nitrile, le caoutchouc butyle, le polychloroprène ou PVC comme pour les substances sous forme solide [13, 86, 98].
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leurs choix dépendent de l’état physique de la substance. Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [99].
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [100].

 

Stockage

  • Stocker le plomb et ses composés dans des locaux spéciaux, frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…) et des produits incompatibles (acides, produits oxydants forts...).
  • Prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la compatibilité des matériaux des récipients de stockage avec les substances considérées (en contactant par exemple le fournisseur de la substance ou celui du matériau envisagé).
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés. Mettre également à disposition des personnes autorisées à intervenir dans ces locaux en cas d'urgence, des équipements de protection individuelle adaptés.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le plomb ou ses composés.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de liquide, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte (terre, sable, autre matière inerte...). Laver à grande eau la surface ayant été souillée [101].
  • En cas de déversement accidentel de poudre ou de poussières, le balayage et l’utilisation de la soufflette sont à proscrire. Récupérer le produit en l’aspirant avec un aspirateur industriel.
  • Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
  • Des appareils de protection respiratoires isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Dans tous les cas, ne pas autoriser les travailleurs non indispensables et non protégés à rester dans la zone pol­luée.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité.
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

 

  • Eviter d’exposer au plomb les sujets atteints d’affections chroniques neurologiques (centrales ou périphériques), rénales, métaboliques (déficit en G6PD, porphyries).
  • Lors des visites initiales et périodiques :​​​​​ 
    • Examen clinique : rechercher plus particulièrement la notion de troubles des fonctions neurocomportementales.
    • Examens complémentaires : L’examen clinique initial pourra être complété par une numération formule sanguine, un dosage de la créatinine plasmatique (calcul de la clairance) et de la plombémie avant toute exposition qui pourront servir d’examens de référence. La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

 

  • Fertilité/Femmes enceintes et/ou allaitantes
    • L’exposition à cette substance des femmes enceintes ou allaitantes est réglementairement interdite.
    • Des difficultés de conception seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits.
    • Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.
    • Informer les salarié(e)s exposés des dangers de cette substance pour la fertilité et la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention.
    • Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.

 

  • Surveillance biologique [35]
    • Le dosage de la plombémie, prélèvement fait au mieux le lundi matin pour limiter le risque de contamination, est à privilégier.
    • Pour la population professionnellement exposée au plomb et à ses composés, il existe des valeurs limites biologiques (VLB) règlementaires et contraignantes à ne pas dépasser fixées à 400 µg/L de sang pour les hommes et 300 µg/L de sang pour les femmes (moment de prélèvement indifférent) (Art. R. 4412-152).
    • Un suivi individuel renforcé des travailleurs est assuré soit si l'exposition à une concentration de plomb dans l'air est supérieure à 0,05 mg/m3, calculée comme une moyenne pondérée en fonction du temps sur une base de huit heures, soit si une plombémie supérieure à 200 µg/L de sang pour les hommes ou 100 µg/L de sang pour les femmes est mesurée chez un travailleur (Art. R. 4412-160).
    • Il est à noter que ces valeurs ne sont pas suffisamment protectrices au vu des connaissances actuelles sur les effets du plomb à des doses plus faibles. Une valeur limite biologique (VLB) de 180 µg/L pour le plomb sanguin (moment de prélèvement indifférent) est proposée par l'Anses, basée sur les effets neurocomportementaux ainsi que des valeurs biologiques de référence (VBR) correspondant au 95ème percentile des valeurs observées dans la population générale adulte de 85 µg/L chez les hommes, 60 µg/L chez les femmes et 45 µg/L chez les femmes susceptibles de procréer. Pour les femmes susceptibles de procréer, l’Anses préconise de ne pas dépasser la VBR de 45 µg/L dans la mesure où il n'est pas possible d'identifier un seuil sans effet sur la reproduction.

 

  • Conduites à tenir en cas d’urgence :
    • En cas de projection cutanée ou oculaire, retirer les vêtements souillés et rincer la peau et/ou les yeux immédiatement et abondamment à l’eau courante pendant au moins 15 minutes ; en cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Si une irritation oculaire et/ou cutanée apparait ou si la contamination cutanée est étendue ou prolongée, consulter un médecin et/ou ophtalmologiste.
    • En cas d’inhalation importante de poussières ou de fumées contenant du plomb ou des composés minéraux, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais, où un dosage initial de la plombémie sera réalisé. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). 
    • En cas d’ingestion, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier dans les plus brefs délais, où un dosage initial de la plombémie sera réalisé. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements. En milieu hospitalier, une radiographie de l’abdomen sans préparation permettra de localiser le plomb ; un lavage gastrique ou un lavement évacuateur pourra être entrepris en fonction de sa localisation dans le tube digestif. Un traitement chélateur pourra être indiqué en fonction de la plombémie initiale.​​​​​​​
EN SAVOIR PLUS SUR LES FICHES TOXICOLOGIQUES