Mortalité par cancer du poumon dans la cohorte française de travailleurs du dioxyde de titane: quelques aperçus étiologiques

Objectifs Le dioxyde de titane (TiO2) est largement utilisé dans la construction, l'industrie alimentaire, cosmétique et médicale. Les preuves actuelles sur la cancérogénicité du TiO2 chez l'homme sont considérées comme insuffisantes. Les participants français de la cohorte européenne des travailleurs au TiO2 ayant présenté une augmentation de la mortalité par cancer du poumon, nous avons cherché à savoir si l'exposition au TiO2, les co-expositions ou le tabagisme pouvaient expliquer cette augmentation.
Méthodes Nous avons réanalysé les données de 833 travailleurs français de sexe masculin (période de suivi 1968–1997) et utilisé l'imputation multiple pour compléter leur statut de fumeur. Nous avons considéré la poussière de TiO2 respirable comme une exposition principale d'intérêt, estimée comme des concentrations cumulatives continues (mg / m3-an) et moyennes annuelles (mg / m3) et des variables catégorielles binaires et de 4 classes, avec des valeurs seuils de 0,3 et 2,4 mg/m3 (les limites d'exposition professionnelle allemande et américaine, respectivement). Pour chaque mesure d'exposition, nous avons estimé les HR et les IC à 95% associés, à l'aide de modèles de régression de Cox ajustés pour la période civile, la durée d'exposition et le tabagisme.
Résultats Le modèle entièrement ajusté a donné un HR = 3,7 (IC à 95% = 0,79 à 17,95) pour les travailleurs exposés au TiO2 vs non exposés et un HR = 27,33 (IC à 95% = 4,35 à 171,84) pour ceux exposés à> 2,4 mg / m3 comme concentration moyenne annuelle.
La durée d'emploi était négativement liée à la mortalité par cancer du poumon, par conséquent, l'exposition cumulative avait un faible effet sur la mortalité (HR = 1,03 (IC à 95% = 0,99 à 1,08) par mg / m3-an).
Conclusion Cette étude suggère une relation positive entre l'exposition au TiO2 et la mortalité par cancer du poumon chez les travailleurs au TiO2, quelle que soit la variable d'exposition utilisée, malgré une puissance statistique limitée dans certains modèles. Les résultats remettent en question les preuves actuelles sur la cancérogénicité du TiO2 chez l'homme mais doivent être confirmés dans d'autres cohortes, en utilisant différentes approches statistiques.