Comparaison des performances de quatre biocollecteurs dans l’air des lieux de travail : filtration vs. voie liquide

L’évaluation des expositions aux bioaérosols en utilisant des méthodes par culture de microorganismes sur boite de Pétri présentent des inconvénients et fournie des résultats qualitatifs plutôt que quantitatifs. Pour autant, elle reste très utilisée par les préventeurs et les hygiénistes du travail. De précédents travaux de laboratoire démontrent qu’un prélèvement en voie liquide peut être avantageux par rapport à un prélèvement sur filtre dans une cassette fermée (CFC) afin de ne pas sous-estimer les concentrations des microorganismes les plus fragiles, telles que les bactéries. Cependant, le recours à des biocollecteurs en voie liquide est peu répandu sur le terrain et les comparaisons avec les résultats par cassette fermée ne sont pas documentées.
L’objectif était de comparer les concentrations en microorganismes cultivables mesurées par CFC (2 L.min-1) à celles mesurées avec trois biocollecteurs en voie liquide (solution de tampon phosphate) : BioSampler (BS, 12,5 L.min-1), CIP 10-M (10 L.min-1) et Frit-Bubbler (FB, 4 L.min-1). Les moisissures ont été cultivées sur milieu MEA et les bactéries sur milieux TSA et EMB (25°C sur 5 jours).
42 mesures comparatives des quatre biocollecteurs ont été réalisées à points fixes (5 h) dans quatre atmosphères professionnelles : deux stations d’épuration des eaux (STEP), un centre de tri de déchets (CTD) et un élevage de cochons (EC). Comme attendu pour des spores hydrophobes, les concentrations en moisissures cultivables mesurées en voie liquide étaient quasi-systématiquement plus basses que celles mesurées par CFC. De manière plus surprenante, les concentrations en bactéries cultivables mesurées en voie liquide dans le CTD et l’EC étaient aussi significativement plus basses que celles mesurées par CFC (p<0,05 – régression de Poisson). Ce comportement observé pour les concentrations en bactéries, qui contraste avec les précédents travaux de laboratoire publiés, a été confirmé dans une moindre mesure dans les deux STEP. Des données complémentaires telles que la mesure des distributions granulométriques, la connaissance des efficacités physiques d’échantillonnage des biocollecteurs et les différences entre les modèles de laboratoire (E. coli, P. flurorescens) et les bioaérosols complexes de terrain permettent d’interpréter ces nouveaux résultats.