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Cadmium et composés minéraux

Fiche toxicologique n° 60

Sommaire de la fiche

Édition : Mars 2022

Recommandations

Lorsque l'emploi du cadmium ou de ses composés miné­raux est techniquement indispensable, l'exposition des travailleurs doit être réduite au niveau le plus bas possi­ble. Des mesures très strictes de prévention et de protec­tion adaptées au risque s'imposent lors du stockage et de la manipulation de ces substances ou des préparations les contenant.

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker le cadmium et ses composés en l'absence de toute humidité, dans des locaux frais et bien ventilés, à l'abri de toute source de chaleur ou d'ignition (rayonne­ments solaires, flammes, étincelles...) et à l'écart des pro­duits incompatibles tels que les agents réducteurs et les acides.
  • Interdire de fumer.
  • Mettre le matériel électrique, y compris l'éclairage, en conformité avec la réglementation en vigueur.
  • Le sol et les murs des locaux de stockage et de travail seront lisses, faciles à nettoyer. Maintenir ces surfaces en parfait état de propreté par des nettoyages fréquents (lavage ou aspiration mécanique).
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter correctement. Reproduire l'étiquetage en cas de fraction­nement des emballages.
Manipulation
  • Instruire le personnel des risques présentés par les pro­duits, des précautions à observer et des mesures à pren­dre en cas d'accident.
  • Prévenir toute inhalation de poussières, de fumées ou de brouillards. Effectuer en appareil clos toute opération industrielle qui s'y prête. Choisir, dans toute la mesure du possible, des procédés de travail par voie humide. Prévoir une aspiration des poussières, fumées ou brouillards à leur source d'émission ainsi qu'une ventilation générale des locaux. Une attention particulière sera portée à cet égard aux bains de cadmiage, aux cuves de fusion, ainsi qu'aux postes de brasage et de soudage ou de thermo­coupage. Prévoir également des appareils de protection respiratoire pour certaines opérations exceptionnelles de courte durée ; leur choix dépend des conditions de tra­vail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d'un filtre anti-aérosols de type P3. Pour des inter­ventions d'urgence, le port d'un appareil respiratoire autonome isolant est nécessaire.
  • Séparer les postes et locaux où s'effectuent des opéra­tions pouvant donner lieu à émission de poussières ou de fumées.
  • Contrôler régulièrement la teneur de l'atmosphère ; contrôler également les surfaces sur lesquelles le métal ou ses composés sont susceptibles de se déposer.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés au cadmium et ses composés inorganiques présents dans l’air par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques a conclu à un risque faibleMéthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle).

  • Éviter tout contact des produits avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle : vêtements de travail, masques, gants (par exemple en caoutchouc nitrile et polychloroprène comme pour les substances sous forme solide (d'a­près fiches de données de sécurité et [84])) et lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et net­toyés après chaque usage.
  • Ne pas boire ou manger dans les ateliers. Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : passage à la douche, lavage soigneux des mains après manipulation et changement de vêtements après le travail, rangement séparé des vêtements de ville et des vêtements de travail. L'employeur assurera l'entretien et le lavage fréquent des vêtements de travail qui devront rester dans l'entreprise.
  • Prévoir l'installation de douches de sécurité et de fon­taines oculaires dans les ateliers où les produits sont manipulés de façon constante.
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du cadmium ou ses composés sans prendre les précautions d'usage[86].
  • Ne pas rejeter à l'égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le cadmium et ses composés.
  • En cas de déversement accidentel de cadmium ou d'un de ses composés solides, récupérer immédiatement les déchets par aspiration mécanique - en évitant de générer des poussières - dans des récipients prévus à cet effet, propres et secs, résistants et étanches. Lorsqu'il s'agit d'un composé soluble du cadmium, laver à grande eau la sur­face souillée.
  • En cas de déversement accidentel de liquide contenant des composés solubles du cadmium, récupérer le produit après l'avoir recouvert de matériau absorbant inerte et non combustible (sable, vermiculite). Laver ensuite à grande eau la surface souillée. Si le déversement est important, évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés munis d'un équipement de protection.
  • Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions auto­risées par la réglementation.

Au point de vue médical

  • À l'embauchage, éviter d'exposer au cadmium les agents présentant des atteintes broncho-pulmonaires, ostéoarticulaires, hépatiques ou rénales chroniques. Il appartiendra au médecin du travail de juger de l'opportu­nité d'effectuer certains examens complémentaires de dépistage ou de référence (tels que protéinurie, β2-microglobulinurie, radiographie pulmonaire, explorations fonc­tionnelles respiratoires...).
  • Le médecin du travail avertira les femmes en âge de pro­créer du danger pour la reproduction du cadmium et de certains composés minéraux, leur rappellera l'importance du respect des mesures de prévention et les informera de la nécessité de l'avertir dès le début de la grossesse.
    • Les femmes enceintes et les femmes allaitant ne peu­vent être affectées ou maintenues à des postes de travail les exposant à certains composés minéraux du cadmium au vu de la réglementation.
    • Le médecin du travail avertira les sujets potentiellement exposés au cadmium et certains composés minéraux du risque éventuel d'atteinte de la fertilité et recherchera systématiquement des difficultés de conception à l'inter­rogatoire.
  • Au cours des examens systématiques, vérifier notam­ment l'état dentaire et la pression artérielle. Des examens complémentaires seront pratiqués pour étudier les fonc­tions rénales (protéinurie, glycosurie, dosage de β2-microglobulinurie). D'autres examens pourront être demandés afin de vérifier l'état de l'appareil respiratoire (radiogra­phie, explorations fonctionnelles respiratoires) ; en cas de tubulopathie déjà constituée et s'il existe des troubles du bilan phosphocalcique ainsi que des douleurs osseuses, des radiographies du bassin seront effectuées.
  • Surveillance biologique : le cadmium urinaire doit être utilisé comme premier indi­cateur biologique d'exposition associé au dosage du cad­mium sanguin, reflet des expositions récentes. Pour éviter toute contamination, des prélèvements le matin avant la prise de poste peuvent être recommandés. En fonction de la cadmiurie, le dosage de marqueurs précoces d'atteinte tubulaire β2 microglobulinurie (β2-MG) et protéine transporteur de rétinol (RBP) urinaires est utile. Pour tous ces paramètres, il existe des valeurs de réfé­rence dans la population générale non professionnelle­ment exposée ; pour le 95ième percentile : cadmium urinaire inférieur à 0,8 µg/g. créatinine pour les non-fumeurs et inférieur à 1 µg/g. créatinine pour les fumeurs ; cadmium sanguin inférieur à 0,7 µg/L pour les non-fumeurs et infé­rieur à 3 µg/L pour les fumeurs ; RBP et β2-MG inférieures à 200 µg/g. créatinine. Lors d'une exposition au cadmium et composés inorga­niques, l'ACGIH a fixé un BEI pour le cadmium urinaire à 5 µg/g. créatinine et pour le cadmium sanguin à 5 µg/L (moments de prélèvement indifférents) ; ce BEI est basé sur la relation avec les effets rénaux.

    Pour la surveillance biologique des salariés exposés au cadmium, avant la prise de poste, le dosage combiné du cadmium sanguin et urinaire, de la RBP et de la β2-MG uri­naire semble pertinent.

    Lors des examens périodiques, le dosage du cadmium sanguin et celui du cadmium urinaire seront préconisés ; si le cadmium urinaire est supérieur à 2 µg/g. de créati­nine, le dosage des β2-MG et RBP urinaires devrait com­pléter le bilan.

    Pour les dosages du cadmium sanguin et urinaire, on se méfiera d'une contamination du prélèvement et dans l'in­terprétation des résultats, on tiendra compte entre autres de l'âge, du tabagisme et de l'alimentation.

  • En cas de contact oculaire ou cutané, laver immédiate­ment et abondamment à l'eau. Consulter un ophtalmolo­giste si une douleur ou des lésions apparaissent.
  • En cas d'inhalation, retirer le sujet de la zone polluée, après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour les intervenants.
  • En cas d'ingestion, tenter de faire vomir si le sujet est parfaitement conscient.
  • Dans ces deux derniers cas, faire hospitaliser pour sur­veillance des effets locaux et systémiques et mise en route d'un traitement symptomatique.
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