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Cyanure d’hydrogène et solutions aqueuses

Fiche toxicologique n° 4

Sommaire de la fiche

Édition : Septembre 2022

Recommandations

En raison de la toxicité élevée du cyanure d’hydrogène, de son inflammabilité et des risques d’explosion qu’il présente, des mesures très strictes de prévention et de protection s’imposent lors du stockage et de la manipulation de cette substance.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [19].
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de gaz, de vapeurs ou d'aérosols (dans le cas de solutions aqueuses). Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration du gaz, des vapeurs ou des aérosols à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [32].
  • Réduire le nombre de personnes exposées au cyanure d’hydrogène.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de cyanure d’hydrogène.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés au cyanure d’hydrogène présent dans l’air par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques a conclu à un risque faible (§ Méthodes de l’évaluation de l’exposition professionnelle).
  • Les équipements et installations conducteurs d’électricité utilisant ou étant à proximité du cyanure d’hydrogène doivent posséder des liaisons équipotentielles et être mis à la terre, afin d’évacuer toute accumulation de charges électrostatiques pouvant générer une source d’inflammation sous forme d’étincelles [33].
  • Les opérations génératrices de sources d’inflammation (travaux par point chaud type soudage, découpage, meulage…) réalisées à proximité ou sur les équipements utilisant ou contenant du cyanure d’hydrogène doivent faire l’objet d’un permis de feu [34].
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [35].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du cyanure d’hydrogène sans prendre les précautions d’usage [36].
  • Supprimer toute source d’exposition par contamination en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Les EPI ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [37, 38]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [39 à 42].

  • Appareils de protection respiratoire : si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type B lors de la manipulation de la substance ou de ses solutions aqueuses [43].
  • Gants : les matériaux préconisés pour un contact prolongé avec du cyanure d'hydrogène liquide ou en solutions sont les suivants : AlphaTec® 02-100, Silver Shield® PE/EVAL/PE (matériaux multicouches). D’autres matériaux peuvent également être recommandés pour des contacts intermittents ou en cas d’éclaboussure : caouchouc butyle, Viton® (élastomère fluoré). Certains matériaux sont à éviter : caouchoucs naturel, néoprène et nitrile [44, 45].
  • Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance (gaz, liquide ou en solution). Des combinaisons de type 1, étanches au gaz, seront nécessaires pour certaines opérations. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [46]
  • Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [47].

 

Stockage

  • Stocker le cyanure d'hydrogène et ses solutions dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…). Restreindre l'accès de ces locaux aux personnes autorisées et formées.
  • Prendre toutes les dispositions pour s’assurer de la compatibilité des matériaux des récipients de stockage avec le cyanure d'hydrogène et ses solutions (en contactant par exemple le fournisseur de la substance ou celui du matériau envisagé).
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement.
  • Le sol des locaux sera imperméable et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance (liquide et ses solutions) ne puisse se répandre au dehors.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Séparer le cyanure d'hydrogène et ses solutions des produits comburants. Si possible, les stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par du cyanure d'hydrogène.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de fuite de gaz ou de déversement accidentel de liquide, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié. Supprimer toute source d’inflammation potentielle.
  • Récupérer le produit liquide en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte. Traiter la surface ayant été souillée, par exemple avec de l'hypochlorite de sodium.
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité [48].
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques

Rechercher particulièrement lors de l'interrogatoire et l'examen clinique des antécédents de pathologies respiratoires chroniques ou d'affections cutanées ainsi que des signes d'atteinte neurologique (confusion, vertiges, …).

La périodicité des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des aérosols de cette substance.

 

  • Surveillance biologique de l'exposition
    • Le dosage des cyanures sanguins immédiatement en fin d’exposition est essentiellement utilisé pour confirmer le diagnostic d’intoxication aiguë cyanhydrique.
    • Le dosage des thiocyanates urinaires en fin de poste de travail (ou fin de poste et fin de semaine) semble utile pour la surveillance biologique de l'exposition professionnelle.
    • Il n’existe pas de valeur biologique d’interprétation (VBI) pour la population professionnellement exposée pour ces indicateurs. Des VBI issues de la population générale sont disponibles pour les thiocyanates urinaires.

 

  • Rédaction impérative d’un plan d’intervention

L’exposition aiguë au cyanure d’hydrogène peut rapidement conduire à une intoxication grave (d’autant plus que le délai d’apparition des symptômes est bref) qui doit être considérée comme une urgence médicale absolue. Dans ce contexte, afin d’assurer l’efficacité de la prise en charge de la victime, un protocole précis d’organisation des secours en cas d’accident doit être établi de façon anticipée, par écrit, par le médecin du travail en collaboration avec les responsables de l'en­treprise, le CSSCT, les secouristes et les organismes extérieurs de secours d'urgence. Ce protocole doit notamment comporter les précautions à prendre pour éviter les accidents en chaine (intoxications des premiers intervenants), les coordonnées des personnes et organismes à contacter en ur­gence, les modalités des premiers soins à donner aux victimes (matériel de 1er secours nécessaire et modalités d’utilisation des produits).

L’information et la formation régulière du personnel aux gestes de première urgence à appliquer lors de ce type d’accidents doit-être organisée. La présence de secouristes formés, entraînés et périodiquement recyclés doit également être prévue dans les ateliers où sont effectués des travaux dangereux.

Le matériel de secours nécessaire doit être placé à proximité des ateliers, en dehors des zones à risque, et doit être vérifié et entretenu régulièrement. Il comprend notamment des appareils de protection individuelle pour les secouristes, des douches pour la décontamination cutanée et oculaire, du matériel de ventilation assistée et surtout d’oxygénothérapie avec masque, ainsi qu’une trousse d’urgence dont le contenu et l’utilisation seront précisés par le médecin du travail. La mise à disposition éventuelle d’antidotes sur place sera décidée par le médecin du travail en collaboration avec les organismes extérieurs de secours d'urgence. En cas d’accident, la décision d’administration des antidotes et des traitements associés (oxygénothérapie notamment) ne sera prise qu’après avis médical, sur la base de la symptomatologie et/ou de la forte présomption d’intoxication et selon l'éloignement des services d'urgence.

 

Conduite à tenir en cas daccident

  • En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais en raison du risque d’intoxication systémique (après une première décontamination sur place). Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation en évitant de pratiquer la ventilation assistée au bouche à bouche.
  • En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; en cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste aussitôt après une première décontamination sur place, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d’ingestion, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais en raison du risque d’intoxication systémique. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation en évitant de pratiquer la ventilation assistée au bouche à bouche. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements.
  • En cas d’inhalation, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais en raison du risque d’intoxication systémique. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation en évitant de pratiquer la ventilation assistée au bouche à bouche. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).
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