Accès rapides :

Vous êtes ici :

  1. Accueil
  2. Publications et outils
  3. Bases de données
  4. Fiches toxicologiques
  5. Acide phosphorique (FT 37) (rubrique sélectionnée)

Acide phosphorique

Fiche toxicologique n° 37

Sommaire de la fiche

Édition : Novembre 2020

Recommandations

En raison de la très grande réactivité et du caractère cor­rosif des solutions aqueuses d’acide phosphorique, des mesures de prévention rigoureuses s’imposent pour leur stockage et leur manipulation.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par les solutions aqueuses d'acide phosphorique, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : Lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de vapeurs ou d'aérosols. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des aérosols et vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [21].
  • Réduire le nombre de personnes exposées aux solutions aqueuses d'acide phosphorique.
  • Éviter tout rejet atmosphérique d'acide phosphorique.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés à l'acide phosphorique présent dans l’air par un organisme accrédité, sauf dans le cas où l’évaluation des risques a conclu à un risque faible (§ Méthodes de détection et de détermination dans l’air).
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [22].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu des solutions aqueuses d'acide phosphorique sans prendre les précautions d’usage [23].
  • Supprimer toute autre source d’exposition par contamination accidentelle en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail.
  • Effectuer les vidanges, transvasements, dilutions, dis­solutions, de manière à éviter les surchauffes locales, les projections de liquide et la formation de vapeurs/brouillards/ aérosols. Pour les dilutions avec l'eau (réaction exothermique), verser lentement l'acide phosphorique dans l'eau par petites quantités et en agitant. NE JAMAIS VERSER D'EAU DANS L'ACIDE.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Le choix des EPI dépend des conditions au poste de travail et de l’évaluation des risques professionnels. Ils ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) s'il y a des risques de formation d'atmosphères explosives d'hydrogène (voir partie incendie/explosion) [24, 25]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [26 à 29].

  • Appareils de protection respiratoire : Leurs choix dépendent des conditions de travail ; si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type B combiné à un filtre P2 ou P3 en cas d'activité générant des aérosols [30].
  • Gants : Les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont : caoutchouc butyle ou naturel, Néoprène ou nitrile, polychlorure de vinyle, Viton®, Viton®/caoutchouc butyle, Barrier® PE/PA/PE, Silver Shield/4H® pour des solutions concentrées  > 70 % en acide phosphorique ; l'alcool polyvinylique n'est pas recommandé [31 à 33]). 
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leurs choix dépendent de l’état physique de la substance. Seul le fabricant peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [34].
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [35].

 

Stockage

  • Stocker les solutions aqueuses d'acide phosphorique dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…) et à l’écart des produits incompatibles tels que les bases.
  • Le stockage des solutions aqueuses d’acide phosphorique s'effectue généralement dans des récipients en acier inoxydable. Certaines résines synthétiques (polyéthylène, polypropylène ou polychlorure de vinyle) peuvent être utilisées à basses températures [1, 5]. Le verre est également utilisable pour de petites quanti­tés ; les récipients seront alors protégés par une enveloppe extérieure convenablement ajustée. Dans tous les cas, il convient de s’assurer auprès du fournisseur de la substance ou du matériau de stockage de la bonne compatibilité entre le matériau envisagé et la substance stockée.
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter conformément à la réglementation. Reproduire l’étiquetage en cas de fractionnement. Effectuer les vidanges, transvasements, dilutions, disso­lutions de manière à éviter les surchauffes locales, les pro­jections de liquide et la formation de vapeurs/brouillards/ aérosols.
  • Le sol des locaux sera imperméable, résistant à la corrosion et incombustible et formera une cuvette de rétention afin qu’en cas de déversement, la substance ne puisse se répandre au dehors.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Séparer les solutions aqueuses d’acide phosphorique des peroxydes organiques, produits combustibles ou inflammables ainsi que des substances libérant des gaz inflammables au contact de l’eau, des agents oxydants et des déshydratants. Si possible, les stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux. Bannir tout métal ou objet métallique susceptible de réagir avec un dégagement d'hydrogène. Si le risque de dégagement d'hydrogène en quantités importantes ne peut être écarté, mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l'éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par des solutions aqueuses d’acide phosphorique.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.

 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel d'une solutions aqueuses d’acide phosphorique, récupérer le produit en l’épongeant avec un matériau absorbant inerte. Laver à grande eau la surface ayant été souillée [36].
  • Si le déversement est important, aérer la zone et évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entrainés et munis d’un équipement de protection approprié
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité.
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques
    • Examen clinique : rechercher particulièrement des signes d’irritation cutanée, oculaire, des voies aéro-digestives supérieures et broncho-pulmonaire ainsi que des érosions dentaires.
    • Examens complémentaires : l’examen clinique initial peut être complété par une radiographie pulmonaire et des épreuves fonctionnelles respiratoires qui serviront d’examens de référence. La fréquence des examens médicaux périodiques et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (radiographie pulmonaire, épreuves fonctionnelles respiratoires…) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.
  • Autres : déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des vapeurs ou aérosols de cette substance

 

Conduites à tenir en cas d’urgence :

  • En cas de contact cutané, appeler immédiatement un SAMU. Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Dans tous les cas consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire, appeler immédiatement un SAMU. Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées ; En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles
  • En cas d'inhalation de vapeurs ou de brouillards, appeler rapidement un centre antipoison. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). En cas de symptômes, consulter rapidement un médecin. Prévenir du risque de survenue d'un œdème pulmonaire lésionnel dans les 48 heures suivant l'exposition et de la nécessité de consulter en cas d’apparition de symptômes respiratoires.
  • En cas d'ingestion,
    • En cas d'ingestion d'une solution concentrée dont le pH est inférieur à 2, ou d'une grande quantité d’une solution dont le pH n'est pas connu, appeler immédiatement un SAMU, faire transférer la victime par ambulance médicalisée en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, ne pas tenter de provoquer des vomissements.
    • En cas d'ingestion de quelques gouttes d'une solution diluée (pH supérieur à 2), appeler rapidement un centre antipoison. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, faire rincer la bouche avec de l’eau, ne pas faire boire, pas tenter de provoquer des vomissements. En cas de symptômes, consulter un médecin.

Dans tous les cas,  préciser si possible, le pH de la solution responsable. Les risques sont particulièrement graves lorsque le pH est inférieur à 2. 

EN SAVOIR PLUS SUR LES FICHES TOXICOLOGIQUES