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Hydroxyde de potassium et solutions aqueuses

Fiche toxicologique n° 35

Sommaire de la fiche

Édition : Avril 2022

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [2]
  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité expérimentale

    Certains auteurs ont cherché à évaluer les effets chro­niques de la potasse à partir de la toxicité de différents sels de potassium. Les doses utilisées paraissent peu com­patibles avec des expositions chroniques non-irritantes à la potasse.

    Toxicité aiguë [2]

    La toxicité aiguë de l’hydroxyde de potassium est modérée, essentiellement due à ses propriétés corrosives. L'hydroxyde de potassium et ses solutions aqueuses sont caus­tiques pour la peau et les muqueuses ; la gravité des lésions dépend de la quantité appliquée, de la concentration de la solution et du temps de contact.

    Par voie orale, une première étude rapporte une DL50 chez le rat de 365 mg/kg. La mort survient dans les 72 heures suivant l'exposition. Des hémorragies de l'estomac et de l'intestin, ainsi que des adhérences entre les différents organes abdominaux (estomac, pancréas, rate, foie et intestin grêle) sont observées suite à l'absorption de doses létales ou sub-létales. Après 14 jours, les animaux survivants présentent une hyperexcitabilité, suivie d'apathie et de faiblesse ; augmentation de la fréquence respiratoire, fermeture des yeux et exsudat nasal sanguinolent sont aussi notés [20].

    Une autre étude, réalisée selon la ligne directrice de l'OCDE 425, ne montre aucune mortalité durant la 1re semaine de post-exposition. Les DL50 déterminées sont de 333 mg/kg, selon la méthode conventionnelle, et de 388 mg/kg selon la méthode de l'ajustement des doses (« up and down ») [21].

    Par inhalation, l'exposition à des aérosols est responsable d'une irritation intense puis de lésions caustiques des muqueuses oculaires et des voies respiratoires, dues aux propriétés caustiques de l'hydroxyde de potassium.

    Irritation, sensibilisation [2]

    Les études réalisées chez le lapin montrent que l'hy­droxyde de potassium est un irritant cutané modéré, suite à une exposition à des solutions de concentration inférieure à 5 %. Entre 5 et 10 %, les solutions d'hydroxyde de potassium sont sévèrement irri­tantes et deviennent corrosives au-delà de 10 %.

    Au niveau oculaire, les effets sont exacerbés et apparais­sent pour des concentrations moindres qu'au niveau cutané [20] :

    • 0,1 % pendant 24 heures, aucune irritation ;
    • 0,5 % pendant 24 heures, légère irritation ;
    • 1 % pendant 5 minutes ou 24 heures, irritant ;
    • 5 % pendant 5 minutes, extrêmement irritant et corro­sif.

    Un test de sensibilisation a été réalisé chez le cobaye, par injection de 0,1 mL d'une solution d'hydroxyde de potassium à 0,1 % pour l'induction et de 0,1 mL pour le déclenchement. Aucune réaction allergique cutanée n'a été observée après 24, 48 ou 72 heures [20].

    Toxicité subchronique, chronique [2]

    Aucune étude n’est disponible pour l’hydroxyde de potas­sium. Les ions K+ n’ont qu’une faible toxicité chronique.

    Des études réalisées avec du chlorure de potassium rap­portent une faible toxicité des ions K+ : l'exposition pen­dant 2 ans de rats à 955 mg K+/kg pc/j entraîne une inflammation chronique de la muqueuse de l'estomac et l'apparition d'ulcères. De même, des rats exposés à 2 751 mg K+/kg pc/j pendant 15 semaines présentent une diminution du poids du cœur et une augmentation du poids des reins, réversible à l'arrêt de l'exposition.

    D'après les auteurs, ces résultats obtenus avec le chlorure de potassium suggèrent que, dans des conditions d'expo­sition non-irritantes, la toxicité chronique de l'hydroxyde de potassium est faible.

    Effets génotoxiques [2]

    L’hydroxyde de potassium et ses solutions aqueuses ne sont pas génotoxiques.

    Un test d’Ames, réalisé sur les souches TA 97 et TA 102 de Salmonella typhimurium, avec et sans activation métabo­lique, montre des résultats négatifs.

    Un test d'aberration chromosomique, réalisé sur des cel­lules ovariennes de hamster, ne met en évidence aucune activité clastogène, en l'absence d'activation, quelles que soient les concentrations testées (0 mM d'hydroxyde de potassium soit pH 7,3 ; 8 mM d'hydroxyde de potassium soit pH 9,8 ; 12 mM d'hydroxyde de potassium soit pH 10,4). En pré­sence d'activation, des effets clastogènes sont rapportés pour la plus forte concentration testée (pH 10,4). Toute­fois, les effets positifs observés à des pH non physiolo­giques peuvent être assimilés à des « faux positifs » et résultent probablement d'une stimulation de l'activité clastogénique du mélange S9 (activateur métabolique) lui-même et non de la substance testée.

    In vivo, aucune étude n'est disponible.

    Effets cancérogènes [2]

    Aucun potentiel cancérogène n’a été mis en évidence pour l’hydroxyde de potassium.

    Une étude très ancienne [22] rapporte que l'application répétée, pendant 46 semaines, de solutions aqueuses (de 3 à 6 % d'hydroxyde de potassium) sur la peau de souris aurait entraîné l'apparition de tumeurs cutanées au niveau du site d'application. Toutefois, ces cancers cutanés seraient dus à un mécanisme non-génotoxique, consécu­tif à une application répétée et une inflammation prolon­gée ; toute substance induisant une irritation cutanée prolongée provoquerait les mêmes effets.

    Effets sur la reproduction [2]

    Aucune étude n’est disponible pour l’hydroxyde de potas­sium. Aucun effet sur la reproduction n’a été observé dans les études réalisées avec des sels de potassium.

  • Toxicité sur l’Homme

    L’hydroxyde de potassium et ses solutions aqueuses sont caustiques et peuvent provoquer, en cas d’exposition à une concentration suffisante, des brûlures chimiques de la peau, des yeux et des muqueuses respiratoire et digestive.

    Toxicité aiguë [23-26]

    En milieu professionnel, les principales voies d'exposition sont les voies respiratoire et cutanée.

    La contamination cutanée ou oculaire entraîne locale­ment des brûlures chimiques dont la gravité est fonction de la concentration de la solution, de l'importance de la contamination et de la durée du contact. Selon la profon­deur de l'atteinte cutanée, on peut observer un érythème chaud et douloureux, la présence de phlyctènes ou une nécrose. L'évolution peut se compliquer de surinfection, de séquelles esthétiques ou fonctionnelles. Au niveau ocu­laire, la symptomatologie associe une douleur immédiate, un larmoiement et une hyperhémie conjonctivale. Des lésions séquellaires sont possibles : adhérences conjoncti­vales, opacités cornéennes, cataracte, glaucome, voire cécité.

    Par analogie avec les autres caustiques, l'exposition par inhalation à des aérosols d'hydroxyde de potassium pro­voque immédiatement des signes d'irritation des voies respiratoires : rhinorrhée, éternuements, sensation de brûlure nasale et pharyngée, toux, dyspnée, douleur tho­racique. La survenue d'un œdème laryngé ou d'un bronchospasme peut d'emblée engager le pronostic vital. À l'arrêt de l'exposition, la symptomatologie régresse le plus souvent, mais un œdème pulmonaire lésionnel peut sur­venir de façon retardée, jusqu'à 48 heures après l'exposi­tion. Secondairement, la surinfection bactérienne est la complication la plus fréquente. L'hypersécrétion bron­chique et la desquamation de la muqueuse bronchique en cas de brûlure étendue sont responsables d'obstructions tronculaires et d'atélectasies. À terme, des séquelles respi­ratoires sont possibles : asthme induit par les irritants (en particulier, syndrome de dysfonctionnement réactif des voies aériennes ou syndrome de Brooks), sténoses bron­chiques, bronchectasies, fibrose pulmonaire.

    L'ingestion d'une solution concentrée d'hydroxyde de potassium est suivie de douleurs buccales, rétrosternales et épigastriques associées à une hypersialorrhée et des vomissements fréquemment sanglants. L'examen de la cavité bucco-pharyngée et la fibroscopie œsogastroduodénale permettent de faire le bilan des lésions caustiques du tractus digestif supérieur. Le bilan biologique révèle une acidose métabolique et une élévation des enzymes tissulaires, témoins de la nécrose tissulaire, une hyperleu­cocytose, une hémolyse et une hyperkaliémie. Des com­plications peuvent survenir à court terme : perforation œsophagienne ou gastrique, hémorragie digestive, fistuli­sation (fistule œsotrachéale ou aorto-œsophagienne), détresse respiratoire (révélant un œdème laryngé, une destruction du carrefour aérodigestif, une pneumopathie d'inhalation ou une fistule œsotrachéale), état de choc (hémorragique, septique...), coagulation intravasculaire disséminée (évoquant une nécrose étendue ou une perfo­ration). L'évolution à long terme est dominée par le risque de constitution de sténoses digestives, en particulier œso­phagiennes ; il existe également un risque de cancérisa­tion des lésions cicatricielles du tractus digestif.

    Toxicité chronique

    Les effets probables d'une exposition chronique sont de type irritatif, au niveau de la peau et des muqueuses en contact.

    Plusieurs études épidémiologiques ont été réalisées chez les mineurs de « potasse ». Cependant, ces ouvriers étant exposés aux poussières de minerais, constitués essentiel­lement de sels de potassium ainsi qu'à d'autres contami­nants respiratoires comme les particules diesel, les obser­vations ne peuvent pas être extrapolées quant aux éventuels effets d'une exposition chronique à l'hydroxyde de potassium.

    Effets génotoxiques

    Aucune donnée n’est disponible chez l’Homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n’est disponible chez l’Homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Effets sur la reproduction

    Pas de donnée. L'hydroxyde de potassium ne présente pas de toxicité systémique, et des effets sur la reproduction ne semblent pas plausibles dans des conditions normales d'utilisation.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
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