Accès rapides :

Vous êtes ici :

  1. Accueil
  2. Publications et outils
  3. Bases de données
  4. Fiches toxicologiques
  5. Dazomet (FT 307) (rubrique sélectionnée)

Dazomet

Fiche toxicologique n° 307

Sommaire de la fiche

Édition : 2015

Pathologie - Toxicologie

  • Toxicocinétique - Métabolisme [4, 13-15]

    Le dazomet est bien absorbé par voie orale et peu par voie cutanée, il est rapidement distribué dans l'organisme et subit une métabolisation hépatique avant d'être rapidement éliminé par les urines. Son métabolite principal (le méthylisothiocyanate (MTIC)), qui se forme dans l'environnement, est également rapidement éliminé.

    Chez l'animal
    Absorption

    Après administration par voie orale, le dazomet est rapidement (Tmax : 1 heure) et complètement absorbé chez le rat. Le profil d’absorption est similaire après administration unique (10 ou 100 mg/kg pc) ou répétée (10 mg/kg pc/j pendant 7 jours) et est comparable chez les mâles et les femelles.

    L’absorption percutanée du dazomet, basée sur des études in vivo chez le rat, est estimée à 3%.

    MITC

    Après administration par voie orale, le MITC est rapidement (Tmax : 30 à 60 minutes) et complètement absorbé chez le rat. Le profil d’absorption est similaire après administration unique d’une faible et d’une forte dose (4,4 ou 33 mg/kg pc) et est comparable chez les mâles et les femelles.

    Il est à noter que le MITC peut produire, par photolyse, du méthylisocyanate (MIC), pour lequel une fiche toxicologique de l’INRS est disponible (FT n°162, 2014). Le formaldéhyde (FT n°7, 2011) est également un métabolite environnemental qui peut être retrouvé après application de dazomet.

    Distribution

    Le dazomet est largement distribué dans l’organisme du rat, principalement dans les organes d’élimination et/ou de biotransformation (le foie, les reins, les poumons et le tractus gastro-intestinal) ainsi que dans la  thyroïde. Le dazomet ne présente pas de potentiel d’accumulation : 7 jours après la dernière administration (10 mg/kg pc/j pendant 7 jours), la radioactivité résiduelle dans la carcasse et les organes représente moins de 3% de la radioactivité administrée.

    MITC

    Le MITC est largement distribué dans l’organisme du rat, principalement dans la thyroïde et les organes d’élimination et de biotransformation (foie, reins). Il ne présente pas de potentiel d’accumulation : 7 jours après l’administration, la radioactivité résiduelle dans la carcasse et les organes représente 2% de la radioactivité administrée.

    Métabolisme

    Chez le rat, le métabolisme du dazomet est très important. Après administration orale, la molécule parent (dazomet) n’est retrouvée dans aucun tissu. La principale voie métabolique consiste en un clivage du cycle par hydrolyse conduisant à la formation de CO2 et de méthylisothiocyanate (MITC), principal métabolite intermédiaire qui, après conjugaison au glutathion, forme des dérivés conjugués à la cystéine, à l'acide pyruvique et à la N-acétylcystéine. Le MITC est également la principale substance retrouvée dans l’environnement du fait d'une hydrolyse du dazomet au contact d’eau ou d’air humide. Aussi, afin de caractériser le danger du dazomet, la toxicité du MITC a également été étudiée dans une batterie d’essais.

    Une voie métabolique alternative notamment à forte dose conduit à la formation de sulfure de carbonyle (COS) et de disulfure de carbone (CS2).

    MITC

    Chez le rat, le métabolisme du MITC est très important. Les voies métaboliques sont similaires à celles mises en œuvre pour le dazomet. Le métabolite principal est le dérivé du MITC conjugué à la N-acétylcystéine. 

    Excrétion

    Chez le rat, l’élimination est rapide : 48 heures après l’administration d’une faible dose (10 mg/kg pc) ou d’une forte dose (100 mg/kg pc), plus de 90% de la dose administrée est excrétée. La courbe d’élimination est légèrement biphasique suggérant un cycle entéro-hépatique limité. 

    L’élimination se fait principalement via les urines (64-70%) sous forme de MITC et de ses conjugués et via l’air exhalé (18-33 %)  sous forme de CO2, MITC, CS2 et COS. 

    MITC

    Chez le rat, l’élimination est rapide : 24 heures après l’administration d’une faible dose (4.4 mg/kg) ou d’une forte dose (33 mg/kg), plus de 80% de la dose administrée est excrétée. L’élimination se fait principalement via les urines  (85%) et via l’air exhalé (10-16 %).

  • Mode d'actions
  • Toxicité expérimentale
    Toxicité aiguë [4, 13-15]

    Le dazomet induit des signes cliniques non spécifiques associés à des troubles neurologiques aux plus fortes doses. Chez l’animal, il n’est pas irritant par contact cutané ni oculaire et n’est pas un sensibilisant cutané. Le MITC provoque des effets irritatifs graves des muqueuses digestives ou respiratoires ainsi que de la peau ; ces effets s’accompagnent d’une toxicité neurologique. Il est corro­sif pour la peau, sévèrement irritant pour les yeux, irritant pour les voies respiratoires et c’est un sensibilisant cutané.

    Dazomet

    Toxicité systémique

    Le dazomet a une DL50 égale à 415 mg/kg pc par voie orale chez le rat femelle et 596 mg/kg pc chez le mâle. Les décès surviennent durant les deux premiers jours de l'étude. Outre des symptômes de toxicité générale (démarche chancelante, piloérection, apathie, dyspnée) observés à toutes les doses, les animaux présentent une agitation et des tremblements à partir de 215 mg/kg pc ainsi que de l'agressivité, des convulsions, des lar­moiements, une salivation excessive aux doses plus éle­vées (464, 562 et 681 mg/kg pc). L'examen nécropsique des animaux décédés précocement révèle une dilatation congestive du cœur.

    La DL50 par voie cutanée chez le rat est supérieure à 2 000 mg/kg. Aucun décès, effet délétère ni lésion nécro­tique liés au traitement n'ont été observés.

    Chez le rat, la CL50 (4 h) du dazomet est égale à 7,3 mg/L chez la femelle et est supérieure à 8,4 mg/L chez le mâle. Une faible mortalité est observée à partir de 5,1 mg/L. Les signes cliniques observés sont les suivants : piloérection, parésie, tremblements, épistaxis et hématurie.

    Irritation

    Chez le lapin, le dazomet n'est irritant ni pour la peau ni pour les yeux.

    Sensibilisation

    Le dazomet dilué dans de l'huile d'olive ne présente pas de propriétés sensibilisantes pour la peau dans un test de Magnusson et Kligman réalisé chez le cobaye (à noter que le dazomet dilué dans la vaseline serait relativement stable, limitant la formation de MITC, puissant sensibili­sant cutané, ce qui pourrait expliquer les résultats néga­tifs de ce test).

    MITC

    Toxicité systémique

    Le MITC, par voie orale chez le rat et la souris, présente une DL50 égale à 147 mg/kg pc et 100 mg/kg pc respecti­vement. Les animaux présentent des troubles du système nerveux central (parésie) et du système nerveux auto­nome (ptyalisme, larmoiement) à partir de 147 mg/kg pc et de 100 mg/kg pc chez le rat et la souris respectivement. L'examen nécropsique des animaux décédés précocement révèle une congestion générale, celui des animaux survi­vants des adhérences abdominales.

    La DL50 du MITC par voie cutanée chez le rat est de 1 000 mg/kg. À partir de 125 mg/kg, des effets locaux sont notés (érythème, œdème et desquamation). À par­tir de 1 000 mg/kg, des signes non spécifiques de toxicité systémique sévère sont également observés.

    Le MITC est toxique par inhalation, sa CL50 pour une expo­sition corps entier de 4 heures est de 0,54 mg/L chez le rat. Sur la base des signes cliniques observés (halètements, éternuements, larmoiements, râles respiratoires) et des lésions pathologiques (congestion pulmonaire, œdème et hémorragie intra-alvéolaires), le MITC est également considéré comme un irritant des voies respiratoires.

    Irritation

    Au regard des résultats obtenus dans une étude d'irri­tation cutanée chez le lapin, le MITC est corrosif pour la peau et est considéré comme sévèrement irritant pour les yeux.

    Sensibilisation

    Le MITC est sensibilisant pour la peau dans un test de Magnusson et Kligman réalisé à la concentration déclen­chante non irritante de 0,5 % chez le cobaye.

    Toxicité subchronique, chronique [4, 13-17]

    L'administration répétée de dazomet par voie orale provoque une atteinte hépatique (hypertrophie et hépatite cytolytique) et une anémie régénérative peut-être en liaison avec une hémolyse. Aucune symptomatologie n'est observée par voie cutanée. Dans les études expérimentales relatives à la toxicité à doses répétées du MITC, les principaux organes cibles sont le foie par voie orale et l'appareil respiratoire par inhalation.

    Dazomet

    La toxicité subchronique du dazomet a été évaluée après administration via l'alimentation pendant 28 jours chez le rat (0 - 1,6 - 4,9 - 14,7 et 43,2 mg/kg pc/j), 90 jours chez le rat (0 - 1,5 - 4,6 - 13,7 et 28 mg/kg pc/j), la souris (0 - 4,1 - 13,3 - 37,5 - 68,9 et 105,8 mg/kg pc/j) et le chien (0 - 0,6 - 2,3 et 5,2 mg/kg pc/j), ainsi que pendant 1 an chez le chien. Chez toutes les espèces étudiées, le foie et les globules rouges sont les organes cibles identifiés.

    Le dazomet induit une hépatotoxicité caractérisée par une augmentation du poids du foie et une dégénérescence grais­seuse chez le rat à partir de 4,6 mg/kg pc/j, une augmen­tation du poids du foie et une hypertrophie centrolobulaire chez la souris à partir de 37,5 mg/kg pc/j, une augmentation du poids du foie et une diminution des protéines totales et de l'albumine chez le chien à 5,2 mg/kg pc/j.

    Une diminution du nombre de globules rouges et du taux d'hémoglobine est également observée dans les trois espèces à partir de 2,3 mg/kg pc/j, 28 mg/kg pc/j et 37,5 mg/kg pc/j chez le chien, le rat et la souris respecti­vement, accompagnée de dépôts d'hémosidérine dans la rate chez la souris et le chien, de méthémoglobinémie et d'hématopoïèse extramédullaire chez le chien. La réversi­bilité des symptômes n'a pas été étudiée.

    Les doses sans effet néfaste observé pour une exposition de 90 jours sont de 1,5 mg/kg pc/j chez le rat, de 13,3 mg/kg pc/j chez la souris et de 2,3 mg/kg pc/j chez le chien.

    Dans une étude sur 1 an via l'alimentation chez le chien (doses testées 0 - 0,3 - 1 et 3,1 mg/kg pc/j), la dose sans effet néfaste observé est fixée à 1 mg/kg pc/j sur la base d'effets hépatiques (augmentation du poids du foie, hépatite modérée à sévère, cirrhose, augmentation de la bilirubine plasmatique et urinaire, augmentation des transaminases plasmatiques) et d'une diminution modé­rée du nombre de globules rouges.

    La toxicité chronique du dazomet par voie orale a été éva­luée chez le rat et la souris. Les effets mis en évidence sont en concordance avec ceux observés lors d'expositions plus courtes.

    Chez le rat, le dazomet administré vie durant via l'ali­mentation, aux doses de 0, 5, 20, 80 et 320 ppm (corres­pondant à 0 - 0,3 - 0,9 - 3,6 et 18 mg/kg pc/j), provoque à partir de 80 ppm des effets hépatiques (augmentation du poids du foie, vacuolisation hépatocellulaire, foyers baso­philes, diminution des protéines totales). À la plus forte dose, il est en outre observé une légère anémie régénéra­tive chez les femelles.

    Chez la souris, le dazomet administré pendant 18 mois via l'alimentation, aux doses de 0, 20, 80 et 320 ppm (cor­respondant à 0, 4, 16 et 68 mg/kg pc/j), provoque à partir de 80 ppm des effets hépatiques (augmentation du poids du foie, hypertrophie centrolobulaire, foyers basophiles) et spléniques (dépôt d'hémosidérine). Chez les femelles, des dépôts de lipofuschine sur la muqueuse vésicale et une incidence accrue de kystes ovariens sont également observés aux deux plus fortes doses.

    Les doses sans effet néfaste observé pour une exposition vie durant par voie orale sont de 20 ppm (0,9 mg/kg pc/j) et de 20 ppm (4 mg/kg pc/j) chez le rat et la souris respec­tivement.

    Dans une étude de toxicité par voie cutanée de 21 jours réalisée chez le lapin (doses testées : 0, 10, 100 et 1 000 mg/kg pc/j), la dose sans effet néfaste observé est fixée à 100 mg/kg pc/j sur la base d'un décès à la plus forte dose. Aucun autre effet systémique ni local n'est constaté.

    MITC

    La toxicité subchronique du MITC a été évaluée dans une étude de 90 jours par gavage chez le chien aux doses de 0 - 0,04 - 0,4 et 2 mg/kg pc/j. La dose sans effet néfaste observé fixée dans cette étude est de 0,4 mg/kg pc/j sur la base d'une diminution du gain de poids corporel, d'une augmentation du temps de prothrombine, d'effets bio­chimiques (diminution des immunoglobulines, du cho­lestérol et du calcium) ainsi que d'une vacuolisation des hépatocytes observés à la plus forte dose.

    Dans une étude de toxicité par inhalation de 28 jours réa­lisée chez le rat (6 heures par jour, 5 jours par semaine aux doses de 0, 5, 20 et 100 mg/m3), le MITC engendre une irritation et une inflammation respiratoires sévères caractérisées par une bronchopneumopathie et une neu­trophilie sanguine à la plus forte dose. La dose sans effet néfaste systémique observé est de 5 mg/m3 sur la base d'une diminution du gain de poids corporel, de signes cli­niques et d'une atrophie diffuse de l'épithélium olfactif observés à partir de 20 mg/m3. Une atrophie localisée de l'épithélium olfactif antérieur, considérée comme un effet toxique local, est toutefois observée dès 5 mg/m3.

    Effets génotoxiques [4, 13-15, 17, 18]

    De nombreux tests permettent de conclure que le dazomet présente une activité génotoxique in vitro mais pas in vivo. L'ensemble des éléments disponibles permettent de conclure que le MITC présente une actiité génotoxique in vitro mais pas in vivo.

    Dazomet

    In vitro

    Des résultats négatifs sont obtenus dans les tests réalisés sur bactéries (Salmonella typhimurium et Bacillus subtilis). En revanche, sur cellules eucaryotes, les résultats de différents tests révèlent un potentiel mutagène et clastogène du dazomet, généralement observé en absence d'ac­tivation métabolique. Un test de mutation génique sur cellules ovariennes de hamster chinois (locus HGPRT) est positif en absence d'activation métabolique et équivoque après activation. Un second test de mutation génique sur cellules de lymphome murin (locus TK) est équivoque en absence d'activation métabolique et négatif en présence d'activation métabolique.

    Des résultats positifs sont obtenus dans deux tests d'aberrations chromosomiques, sur cellules de lymphome murin en absence d'activation métabolique. Un test d'aberrations chromosomiques sur lymphocytes humains s'avère négatif, avec cependant une tendance à la poly­ploïdie aux fortes doses.

    Un essai de synthèse non programmée de l’ADN (UDS) sur cellules hépatiques de rat est également faiblement positif.

    In vivo

    Un test du micronoyau sur cellules de moelle osseuse de souris par administration intra-péritonéale donne un résultat positif.

    Tous les autres tests réalisés sur cellules somatiques (un test du micronoyau sur cellules de moelle osseuse de sou­ris per os, un essai de synthèse non programmée de l’ADN sur cellules hépatiques de rat) et sur cellules germinales (essai cytogénétique sur cellules germinales de hamster chinois et essai de mutation létale récessive liée au sexe chez la drosophile) se sont avérés négatifs.

    MITC

    In vitro

    Des résultats négatifs sont obtenus avec et sans activa­tion métabolique dans les tests réalisés sur bactéries (Salmonella typhimurium et Bacillus subtilis) et dans un test d’aberrations chromosomiques sur lymphocytes humains. En revanche, des résultats positifs sont rappor­tés dans la littérature publiée dans un test des comètes et un test du micronoyau réalisés sur cellules HepG2 en présence d’une forte cytotoxicité.

    In vivo

    Un test du micronoyau sur cellules de moelle osseuse de souris par administration orale donne un résultat négatif.

    Effets cancérogènes [4, 13-17]

    Le dazomet n'est pas cancérogène chez le rat. Une augmentation des adénomes hépatocellulaires est observée chez la souris femelle à forte dose, l'incidence des tumeurs malignes n'est en revanche pas modifiée par le traitement.

    Dazomet

    Chez le rat, l’administration via l’alimentation de dazomet pendant 24 mois n’entraîne pas d’effet cancérogène (dose maximale testée : 80 ppm, équivalant à 3,6 mg/kg pc/j).

    Chez la souris, l’administration pendant 18 mois de dazo­met via l’alimentation entraîne une légère augmentation de l’incidence des adénomes hépatocellulaires chez les femelles à la plus forte dose testée de 320 ppm (68 mg/kg pc/j). En revanche, l’incidence des carcinomes hépatocel­lulaires n’est pas modifiée par le traitement.

    MITC

    Aucune donnée n’est disponible concernant le potentiel cancérogène du MITC.

    Effets sur la reproduction [4, 13-17, 19]

    Le dazomet n’induit pas de modification des paramètres de la reproduction. Dans les études de toxicité pour le développement, une embryo- et une fœto-toxicité sont observées en présence d’une faible toxicité maternelle chez le rat et d’une forte toxicité maternelle chez le lapin. Le MITC n’induit pas de modification des paramètres de la reproduction. Chez le rat, lors d’administration de MITC, une fœto-toxicité est observée à une dose plus élevée et en présence de toxicité maternelle plus marquée que lors d’administration de dazomet. Chez le lapin, aucun effet néfaste sur le développement n’est observé.

    Dazomet

    Fertilité

    Dans une étude de toxicité pour la reproduction sur deux générations chez le rat par administration de dazomet via l’alimentation aux doses de 0, 5, 30 et 180 ppm, la dose sans effet néfaste observé pour les parents est de 5 ppm (0,5 mg/kg pc/j) sur la base d’une diminution du gain de poids corporel et d’effets hépatiques (stéatose).

    En absence d’effet sur la progéniture et sur les paramètres de fertilité et de reproduction, la dose sans effet néfaste observé pour les descendants et la reproduction est de 180 ppm (18 mg/kg pc/j), dans cette étude.

    Développement

    Dans une étude de toxicité sur le développement réalisée chez le rat par gavage du 6e au 15e jour de gestation (doses testées : 0, 3, 10, 30 mg/kg pc/j), une augmentation du nombre d’avortons est observée à partir de 10 mg/kg pc/j en présence d’une faible toxicité maternelle (diminution de la consommation alimentaire et diminution du poids de l’utérus). Il est également noté une augmentation de l’incidence des hydronéphroses et des hydro-uretères chez les fœtus de tous les groupes testés. En absence de relation dose-effet et au regard de la forte incidence de ces anomalies chez les contrôles historiques, ces effets n’ont pas été considérés comme liés au traitement.

    Sur la base des effets décrits ci-dessus, les doses sans effet néfaste observé pour les mères et pour le développement sont toutes deux fixées à 3 mg/kg/jour.

    Une étude de toxicité sur le développement, réalisée chez le lapin par gavage, du 7e au 19e jour de gestation (doses testées : 0, 5, 15, 45 mg/kg pc/j), montre, à la plus forte dose, une toxicité pour le développement caractérisée par une augmentation des pertes post-implantatoires et des résorptions, une diminution du poids des fœtus ainsi qu’une augmentation des variations squelettiques, en présence d’une forte toxicité maternelle (mortalité, saignements, diminution du gain de poids corporel). Les doses sans effet néfaste observé pour les mères et pour le développement issues de cette étude sont de 5 mg/kg pc/j et de 15 mg/kg pc/j respectivement.

    MITC

    Fertilité

    Une étude de toxicité pour la reproduction sur deux géné­rations chez le rat, par administration de MITC via l’eau de boisson à hauteur de 0, 2, 10 et 50 ppm (0 - 0,16 - 0,76 et 3,58 mg/kg pc/j) est disponible dans la littérature publiée. Sur la base des effets rapportés dans cette publication, la dose sans effet néfaste observé pour les parents est de 10 ppm (0,76 mg/kg pc/j) en raison d’une diminution du gain de poids corporel durant les périodes de pré-accou­plement, de gestation et de lactation à la plus forte dose. En absence d’effet sur la progéniture et sur les paramètres de fertilité et de reproduction, la dose sans effet néfaste observé pour les descendants et la reproduction est de 50 ppm (3,58 mg/kg pc/j) dans cette étude.

    Développement

    Dans une étude de toxicité sur le développement réali­sée chez le rat par gavage, du 6e au 15e jour de gestation (doses testées : 0, 3, 10, 30 mg/kg pc/j), une baisse du poids des fœtus et une augmentation du nombre d’avor­tons sont observées à la plus forte dose, en présence de toxicité maternelle (diminution du gain de poids à partir de 10 mg/kg pc/j et diminution du poids des placentas à la plus forte dose).

    Les doses sans effet néfaste observé fixées pour les mères et pour le développement dans cette étude sont de 3 mg/kg pc/j et 10 mg/kg pc/j respectivement.

    Dans une étude de toxicité sur le développement réalisée chez le lapin par gavage, du 6e au 18e jour de gestation (doses testées : 0, 1, 3, 10 mg/kg pc/j), la dose sans effet néfaste observé pour les mères est fixée à 3 mg/kg pc/j, sur la base d'une diminution du gain de poids et de la prise alimentaire observée à la plus forte dose. Aucune toxicité sur les embryons ni sur les fœtus n'est rapportée aux doses testées, la dose sans effet néfaste observé pour le développement est donc supérieure à 10 mg/kg pc/j.

    Neurotoxicité [4, 13-17]

    Chez le rat, le dazomet ne présente pas de potentiel neu­rotoxique.

    Dans une étude de neurotoxicité aiguë par gavage chez le rat (doses testées : 0, 13 (femelles), 44, 130 et 392 (mâles) mg/kg pc/j, les tests d'observation fonctionnelle et l'examen histopathologique ne révèlent pas de neurotoxicité spé­cifique. Les troubles observés dès les plus faibles doses testées (baisse de l'activité motrice, hypersalivation et larmoiement) sont réversibles et considérés comme consécutifs d'une atteinte de l'état général.

    Dans une étude de neurotoxicité de 90 jours chez le rat via l'alimentation, aucune des doses testées (0, 4, 15 et 334 mg/kg pc/j) n'entraîne d'effet neurotoxique. Une atteinte hépatique (stéatose hépatique) est en revanche observée dès 4 mg/kg pc/j chez la femelle.

  • Toxicité sur l’Homme

    Le dazomet et le MITC provoquent des irritations cuta­nées sévères pouvant évoluer vers des brûlures d’appa­rition retardée, mais aussi des irritations respiratoires. Des réactions de sensibilisation ont également été mises en évidence après exposition au dazomet et au MITC par contact cutané ou par inhalation de vapeurs. Le MITC est très probablement responsable des effets observés après exposition au dazomet.

    Le dazomet s'hydrolysant en méthylisothiocyanate (MITC) au contact de surfaces ou d'air humides, la toxicité du MITC est également documentée dans cette section.

    Toxicité aiguë [4, 13-20]

    Dazomet

    Des cas de dermatites de contact allergiques sont appa­rus lors d'expositions professionnelles après utilisation de dazomet sous forme de solution concentrée ou de gra­nules. Les patch-tests effectués avec une solution aqueuse de dazomet (de 0,01 % à 0,25 %) étaient positifs chez les patients testés. Les signes cliniques observés associent un érythème, des réactions bulleuses, une peau excoriée ou squameuse. La guérison intervient en quelques jours à 3 semaines après arrêt de l'exposition. Des bilans biolo­giques hépatiques et rénaux n'ont pas montré d'anoma­lies chez les patients testés.

    Lors d'expositions au dazomet, les brûlures cutanées sont d'apparition retardée, et d'autant plus graves que le contact a été prolongé et la sudation importante.

    Une brûlure cutanée de premier et second degrés est apparue 24 heures après un contact cutané avec du dazo­met pendant 4 à 6 heures lors d'une exposition profes­sionnelle ; les jours suivants, une éruption bulleuse s'est étendue jusqu'à atteindre 5 % de la surface corporelle. Une biopsie hépatique a révélé une hépatite non spéci­fique avec augmentation des enzymes hépatiques. Un an plus tard, les anomalies hépatiques avaient disparu, mais le patch-test avec 0,05 % d'une solution aqueuse conte­nant du metam-sodium (substance formant du MITC par hydrolyse) était fortement positif.

    Un cas de démangeaison des paupières inférieures et supérieures, avec érythème et desquamation, persistant pendant 3 mois et lié à l'utilisation d'une solution bio­cide contenant 24 % de dazomet, a été rapporté chez un salarié d'une papeterie. Cet effet apparaissait au mini­mum 4 heures après la fin de l'exposition et durait plus de 24 heures. Les symptômes ont disparu à l'arrêt de l'utilisa­tion de ce produit. Le patch-test réalisé avec cette solution à 24 % de dazomet (à 0,01 % dans la vaseline) était positif.

    Au début des années 1980, un département de dermato­logie d'une université allemande a réalisé des patch-tests avec le dazomet à 1 % dans la vaseline chez des patients sensibilisés au metam-sodium. Ceux-ci étaient positifs chez 1 patient sur 4 uniquement. Ce faible nombre de résultat positif pourrait s'expliquer par la formulation du dazomet utilisée pour ce test : en effet, le dazomet dilué dans la vaseline serait plus stable qu'en solution aqueuse, ce qui limiterait la formation de MITC, puissant sensibili­sant cutané. De même, le dazomet testé à des concentra­tions de 0,1 % et 0,25 % dans la vaseline a montré un très faible potentiel irritant et sensibilisant lors de patch-tests réalisés chez des travailleurs agricoles ou non.

    MITC

    Un cas d'intoxication aiguë par ingestion volontaire d'eau contenant 50 g de MITC a été décrit dans la littérature. Immédiatement après l'ingestion, des brûlures rétro-ster­nales sévères et des douleurs épigastriques sont appa­rues, ainsi que des vomissements. Quelques minutes plus tard, la patiente a présenté une crise tonico-clonique généralisée, une inconscience, une perte complète des réflexes et de l'activité motrice. La patiente est décédée 8 heures après son admission à l'hôpital malgré un lavage gastrique et une dialyse péritonéale. L'autopsie a révélé une nécrose étendue de l'œsophage, de l'estomac et du duodénum proximal.

    Le MITC peut induire de fortes réactions d'irritation et de sensibilisation cutanées.

    Des cas de dermatoses irritatives et allergiques liées à une exposition professionnelle de quelques heures à quelques jours au MITC ou à des biocides comme le metam-sodium générant du MITC ont été décrits. Selon l'auteur, les patients utilisaient des formulations (contenant 29 % à 33 % de MITC) diluées dans l'eau à hauteur de 10 %. Lors de patch-tests, 8 de ces patients, exposés à une concen­tration de 0,05 % dans l'eau d'une formulation à base de metam-sodium, ont montré une réaction fortement posi­tive, même quand le test a été répété 1 an plus tard.

    Des cas de dermatites de contact d'irritation et allergiques (réactions bulleuses) ont été relevés chez des travailleurs agricoles manipulant des pommes de terre traitées avec un produit contenant du metam-sodium (qui s'hydrolyse en MITC au contact de surfaces ou d'air humides). Chez une agricultrice, le délai d'apparition des effets cutanés a été documenté, il était de 3 semaines après le début de l'exposition et réduit à 2 jours après réexposition 1 an plus tard. Les patch-tests se sont révélés positifs chez certains sujets exposés à une concentration de 1,5 à 10 % dans l'eau d'une formulation à base de 30 % de metam-sodium et chez d'autres avec le MITC (à 0,1 %, dans l'eau) et le dazomet (à 1 %, véhicule non connu).

    Des dermatites de contact aéroportées ont également été observées chez ces travailleurs agricoles précédemment sensibilisés à qui on a fait respirer dans une pièce fermée des aérosols de la formulation à base de 30 % de metam-sodium, à des concentrations de 10 %.

    La cause la plus probable semble être la formation de MITC par hydrolyse du metam-sodium en conditions acides au contact de la peau humidifiée par la transpiration.

    En 1991, un déversement accidentel de metam-sodium (33 % en solution aqueuse) s'est produit dans une rivière en Californie. Les effets observés décrits ci-dessous ont été principalement reliés à la présence de MITC, mais l'implica­tion d'autres produits de dégradation ou de contaminants environnementaux ne peut pas être totalement exclue.

    Les principaux signes cliniques observés chez les résidents exposés aux vapeurs de MITC comprenaient des cépha­lées, des vertiges, une irritation des yeux, du nez et de la gorge, des nausées, des diarrhées, un essoufflement et une oppression thoracique. Les symptômes sont généra­lement apparus dans les 8 à 24 heures suivant l'accident et de nouveaux cas d'irritation oculaire sont également apparus dans les 14 jours.

    Les travailleurs nettoyant la rivière ont présenté des der­matites irritatives lorsqu'ils portaient des vêtements/bottes mouillés sous un air ambiant avoisinant les 38 °C. Une augmentation de la sévérité des dermatites a été observée lorsque le contact était prolongé. Les travailleurs changeant immédiatement de vêtements/bottes n'ont pas présenté ces effets.

    Les atteintes respiratoires à type de syndrome de Brooks (ou RADS : Reactive Airways Dysfunction Syndrome) et d'exacerbation d'un asthme préexistant ont persisté chez certains résidents/travailleurs au-delà de 3 mois.

    Une étude permettant de déterminer le seuil olfactif et l'irritation oculaire après exposition aux vapeurs de MITC pendant différentes durées d'exposition a été réalisée chez l'homme en laboratoire en 1996. Le seuil olfactif du MITC a été déterminé à 1,7 ppm. Lors d'une exposition de 1 minute, la dose sans effet néfaste observé est de 3,3 ppm, plus forte dose testée. Lors d'une exposition de 4 à 14 minutes, la dose sans effet néfaste observé, déter­minée à partir d'une irritation oculaire ressentie (et non observée) à 1,9 ppm, est de 0,6 ppm. Lors d'une exposition de 1 à 8 heures, la dose sans effet néfaste observé est de 0,22 ppm et est basée sur les effets observés à 0,8 ppm : irritation oculaire ressentie lors d'une exposition de 1 à 4 heures et clignement des yeux pour une exposition de 2 ou 3 heures.

    Toxicité chronique

    Aucune donnée n'est disponible chez l'homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Effets génotoxiques

    Aucune donnée n'est disponible chez l'homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Effets cancérogènes

    Aucune donnée n'est disponible chez l'homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

    Effets sur la reproduction

    Aucune donnée n'est disponible chez l'homme à la date de publication de cette fiche toxicologique.

  • Interférences métaboliques
  • Cohérence des réponses biologiques chez l'homme et l'animal
EN SAVOIR PLUS SUR LES FICHES TOXICOLOGIQUES