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1,3-Butadiène

Fiche toxicologique n° 241

Sommaire de la fiche

Édition : Mai 2023

Recommandations

En raison de la toxicité et de la très grande inflammabilité du 1,3-butadiène, des mesures très strictes de prévention et de protection s'imposent lors de son stockage et de sa manipulation.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Former les opérateurs au risque lié aux atmosphères explosives (risque ATEX) [27].
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • Réduire le nombre de contenants (bouteilles notamment) au minimum nécessaire permettant d’assurer le bon fonctionnement du poste de travail.
  • Réduire le nombre de personnes exposées au 1,3-butadiène.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation de gaz. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration du gaz à la source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [28].
  • Le flexible utilisé pour raccorder le contenant doit être adapté au 1,3-butadiène, à la pression et comporter des câbles de retenues correctement fixés. Utiliser des équipements dont les matériaux sont compatibles et résistant au 1,3-butadiène.
  • Éviter tout rejet atmosphérique de 1,3-butadiène.
  • Manipuler les contenants avec soin pour éviter les chocs.
  • Utiliser les bouteilles debout et attachées afin d’éviter leur chute.
  • Fermer le robinet du contenant à chaque arrêt prolongé du poste (un flexible n’est pas prévu pour rester de manière prolongée sous pression).
  • Fermer soigneusement les contenants et ne pas laisser les flexibles sous pression. Surmonter le robinet de son chapeau de protection s’il existe.
  • Lors des déplacements de contenants, privilégier un dispositif de transport approprié (type chariot porte-bouteille) muni d’un système d’attache. Le robinet doit être fermé et surmonté de son chapeau de protection s’il existe.
  • Faire évaluer annuellement l’exposition des salariés au 1,3-butadiène présent dans l’air par un organisme accrédité et s’assurer du respect de la ou des valeurs limites d’exposition professionnelle réglementaire(s) (§ Méthodes d’évaluation de l’exposition professionnelle).
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du 1,3-butadiène sans prendre les précautions d’usage [29].

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Les EPI ne doivent pas être source d’électricité statique (chaussures antistatiques, vêtements de protection et de travail dissipateurs de charges) [30, 31]. Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [32 à 35].

  • Appareils de protection respiratoire : si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type AX lors de la manipulation de la substance [36].
  • Gants : les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont les suivants : caoutchoucs butyle et nitrile, Viton®, Viton®/caoutchouc butyle (élastomères fluorés), Kemblock®et Silver Shield® PE/EVAL/PE (matériaux multicouches).. Certains matériaux sont à éviter : caoutchoucs naturel et néoprène, PVC [37, 38].
  • Vêtements de protection : quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [39].
  • Lunettes de sécurité : la rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [40].

 

Stockage

  • Stocker les contenants (bouteilles) de 1,3-butadiène debout et attachés, dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes, de toute source d’inflammation (étincelles, flammes nues, rayons solaires…) supérieurs à 50 °C. Dans tous les cas, il conviendra de se conformer aux préconisations du fabricant.
  • Le stockage du 1,3-butadiène s’effectue seulement sous forme stabilisée (présence d'un inhibiteur de polymérisation) ; l’ogive de la bouteille est de couleur rouge [41].
  • Les contenants vides doivent être identifiés et stockés séparément. Ils doivent être évacués régulièrement par le fournisseur.
  • Mettre le matériel électrique et non-électrique, y compris l’éclairage et la ventilation, en conformité avec la réglementation concernant les atmosphères explosives.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.
  • Séparer le 1,3-butadiène des produits comburants. Si possible, le stocker à l’écart des autres produits chimiques dangereux.

 

Déchets

  • Dans tous les cas, traiter les déchets, résidus ou bouteilles endommagées dans les conditions autorisées par la réglementation.

 

En cas d’urgence

  • En cas de fuite non enflammée, fermer l’arrivée du gaz ; si la fuite ne peut être stoppée, interdire tout risque d’inflammation (matériel électrique, feu nu…). Dans tous les cas, aérer la zone et évacuer le personnel en évitant la génération de sources d’inflammation.
  • En cas de fuite enflammée, fermer l’arrivée du gaz si l’accès au robinet peut se faire sans risque ; refroidir les contenants à l’aide d’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • Si des bouteilles de 1,3-butadiène sont exposées à un incendie (sans que la substance ne brûle elle-même), refroidir les contenants à l’aide d’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • En cas d’échauffement apparent d’une bouteille, ne pas s’en approcher et arroser abondamment la bouteille avec de l’eau pulvérisée depuis une zone protégée.
  • Prévoir des moyens de secours appropriés contre l’incendie, à proximité du dépôt. Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité, compte tenu du risque de brûlures cryogéniques par le 1,3-butadiène  [42].
  • Si ces mesures ne peuvent pas être réalisées sans risque de sur-accident ou si elles ne sont pas suffisantes, contacter les équipes de secours interne ou externe au site.

Au point de vue médical

 

  • Lors des visites initiale et périodiques

Rechercher particulièrement lors de l’interrogatoire et l’examen clinique, des antécédents de pathologies cardiaque, pulmonaire, hépatique ou hématologique, des signes d’irritation de la peau ou des muqueuses oculaire et respiratoire, ainsi que des symptômes évocateurs d’une atteinte neurologique centrale.

La fréquence des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (NFS, biométrologie, etc.) seront déterminées par le médecin du travail en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer au 1,3-butadiène.

 

  • Femmes enceintes et/ou allaitantes

Il est conseillé de ne pas commencer une grossesse dans les trois mois suivant une exposition accidentelle, maternelle ou paternelle. Des difficultés de conception chez l’homme et/ou la femme seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits. L’exposition à cette substance doit être évitée pendant toute la grossesse et l’allaitement du fait de sa génotoxicité sur les cellules germinales. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse se produisait, informer la personne qui prend en charge le suivi de cette grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques. Informer les salariées exposées des dangers de cette substance pour la fertilité et la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention. Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.

 

  • Surveillance biologique de l’exposition

Le dosage des acides mercapturiques DHBMA et MHBMA dans les urines de fin de poste et fin de semaine notamment est proposé pour la surveillance biologique de l’exposition au 1,3-butadiène. Des valeurs biologiques d’interprétation professionnelles et issues de la population générale sont disponibles pour ces indicateurs [14].

 

  • Surveillance post-exposition et post-professionnelle

En l’absence de recommandations de bonne pratique concernant la surveillance post-exposition ou post-professionnelle des travailleurs ayant été exposés à cette substance, le médecin considèrera le profil toxicologique de la substance, en particulier sa cancérogénicité, les scénarios d’exposition, l’état de santé et l’âge des travailleurs concernés.

 

Conduites à tenir en cas d’urgence

  • En cas de contact cutané, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Si une irritation apparaît ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter un médecin.
    • En cas de brûlure par le froid, ne pas frotter ; si les vêtements adhèrent à la peau, rincer la zone à l’eau à température ambiante avant de les retirer.
  • En cas de projection oculaire, rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Si une irritation oculaire apparait, consulter un ophtalmologiste et le cas échéant lui signaler le port de lentilles.
    • En cas de brûlure par le froid, ne pas chercher à écarter les paupières, ne pas chercher à retirer les lentilles. Réchauffer très progressivement en rinçant la zone contaminée avec de l’eau à température ambiante pendant au moins 15 minutes. Dans tous les cas, consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d'inhalation, appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison, faire transférer la victime en milieu hospitalier dans les plus brefs délais. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant toutes les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes).

 

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