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Benzo[a]pyrène

Fiche toxicologique n° 144

Sommaire de la fiche

Édition : Juillet 2022

Recommandations

Le B[a]P est un cancérogène et sa présence est associée à celle d’autres hydrocarbures aromatiques poly­cycliques (HAP) dangereux. Toutes les dispositions doivent être prises pour réduire l'exposition au niveau le plus bas possible. Des mesures rigoureuses de prévention s’imposent lors de travaux pou­vant exposer le personnel à ces produits.

Au point de vue technique

Information et formation des travailleurs

  • Instruire le personnel des risques présentés par la substance, des précautions à observer, des mesures d’hygiène à mettre en place ainsi que des mesures d’urgence à prendre en cas d’accident.
  • Former les opérateurs à la manipulation des moyens d’extinction (extincteurs, robinet d’incendie armé…).
  • Observer une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte : Lavage soigneux des mains (savon et eau) après manipulation et changement de vêtements de travail. Ces vêtements de travail sont fournis gratuitement, nettoyés et remplacés si besoin par l’entreprise. Ceux-ci sont rangés séparément des vêtements de ville. En aucun cas les salariés ne doivent quitter l’établissement avec leurs vêtements et leurs chaussures de travail.
  • Ne pas fumer, vapoter, boire ou manger sur les lieux de travail.

 

Manipulation

  • N’entreposer dans les ateliers que des quantités réduites de substance et ne dépassant pas celles nécessaires au travail d’une journée.
  • Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. Éviter l’inhalation poussières. Effectuer en système clos toute opération industrielle qui s’y prête. Dans tous les cas, prévoir une aspiration des poussières et vapeurs à leur source d’émission, ainsi qu’une ventilation des lieux de travail conformément à la réglementation en vigueur [82].
  • Réduire le nombre de personnes exposées au B[a]P.
  • Lorsque cela est techniquement possible, utiliser de préférence des produits moins nocifs, exempts ou moins riches en HAP. Les huiles minérales, notamment, peuvent contenir des polyaromatiques à des concentrations très variables, les teneurs les plus fortes se rencontrant dans les distillats et dans les huiles régénérées, les moins fortes dans les huiles raffinées de façon « sévère ».
  • Éviter tout rejet atmosphérique de B[a]P.
  • Au besoin, les espaces dans lesquels la substance est stockée et/ou manipulée doivent faire l’objet d’une signalisation [83].
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du B[a]P sans prendre les précautions d’usage [84].
  • Supprimer toute source d’exposition par contamination en procédant à un nettoyage régulier des locaux et postes de travail, à l'humide ou en utilisant un système d'aspiration.

 

Équipements de Protection Individuelle (EPI)

Leur choix dépend des conditions de travail et de l’évaluation des risques professionnels.

Une attention particulière sera apportée lors du retrait des équipements afin d’éviter toute contamination involontaire. Ces équipements seront éliminés en tant que déchets dangereux [85 à 88].

  • Appareils de protection respiratoire : Si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type P3 lors de la manipulation de la substance [89].
  • Gants : Les matériaux préconisés pour un contact prolongé sont les suivants : le caoutchouc butyle et l’élastomère Viton®. Certains matériaux sont à éviter : les caoutchoucs naturel, néoprène et nitrile et le polychlorure de vinyle [90 à 92].
  • Vêtements de protection : Quand leur utilisation est nécessaire (en complément du vêtement de travail), leur choix dépend de l’état physique de la substance. Seul le fabricant du vêtement peut confirmer la protection effective d’un vêtement contre les dangers présentés par la substance. Dans le cas de vêtements réutilisables, il convient de se conformer strictement à la notice du fabricant [93].
  • Lunettes de sécurité : La rubrique 8 « Contrôles de l’exposition / protection individuelle » de la FDS peut renseigner quant à la nature des protections oculaires pouvant être utilisées lors de la manipulation de la substance [94].

 

Stockage

  • Stocker le B[a]P dans des locaux frais et sous ventilation mécanique permanente. Tenir à l’écart de la chaleur, des surfaces chaudes et des rayons solaires.
  • Mettre à disposition dans ou à proximité immédiate du local/zone de stockage des moyens d’extinction adaptés à l’ensemble des produits stockés.

 

Déchets

  • Le stockage des déchets doit suivre les mêmes règles que le stockage des substances à leur arrivée (§ stockage).
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le B[a]P.
  • Conserver les déchets et les produits souillés dans des récipients spécialement prévus à cet effet, clos et étanches. Les éliminer dans les conditions autorisées par la réglementation en vigueur.
 

En cas d’urgence

  • En cas de déversement accidentel de cristaux, le balayage et l’utilisation de la soufflette sont à proscrire. Récupérer le produit en l’aspirant avec un aspirateur industriel.
  • Des appareils de protection respiratoire isolants autonomes sont à prévoir à proximité et à l’extérieur des locaux pour les interventions d’urgence.
  • Prévoir l’installation de fontaines oculaires et de douches de sécurité [95].

Au point de vue médical

  • Lors des visites initiale et périodiques

Rechercher particulièrement lors de l'interrogatoire et l'examen clinique, des antécédents de pathologies respiratoires, cardiovasculaires et dermatologiques chroniques, des signes d'irritation des muqueuses oculaire et respiratoire, des lésions cutanées, ainsi que des symptômes évocateurs d’une atteinte des voies urinaires, et des fonctions respiratoire et cardiaque.

L’examen clinique pourra être complété par la réalisation d’épreuves fonctionnelles respiratoires qui serviront de référence. La périodicité des examens médicaux et la nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires (examens radiologiques, bilans biologiques, analyses urinaires, etc.) seront déterminées par le médecin du travail, en fonction des données de l’examen clinique et de l’appréciation de l’importance de l’exposition.

Les fumeurs seront informés des risques liés à l’effet additif du tabac.

Déconseiller le port de lentilles de contact souples hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement exposer à des fumées ou des aérosols contenant du B[a]P.

 

  • Fertilité / Femmes enceintes et/ou allaitantes

L’exposition au B[a]P des femmes enceintes ou allaitantes est réglementairement interdite. Il est conseillé de ne pas commencer une grossesse dans les trois mois suivant une exposition accidentelle, maternelle ou paternelle. Si malgré tout, une exposition durant la grossesse ou dans les 3 mois précédant le début de celle-ci était signalée, informer la personne qui prend en charge le suivi de la grossesse, en lui fournissant toutes les données concernant les conditions d’exposition ainsi que les données toxicologiques.

Des difficultés de conception chez l’homme et/ou la femme seront systématiquement recherchées à l’interrogatoire. Si de telles difficultés existent, le rôle de l’exposition professionnelle doit être évalué. Si nécessaire, une orientation vers une consultation spécialisée sera proposée en fournissant toutes les données disponibles sur l’exposition et les produits. Informer les salarié(e)s exposé(e)s des dangers de cette substance pour la fertilité et la grossesse et de l’importance du respect des mesures de prévention.

Rappeler aux femmes en âge de procréer l’intérêt de déclarer le plus tôt possible leur grossesse à l’employeur, et d’avertir le médecin du travail.

 

  • Surveillance biologique

Le dosage du 3-hydroxybenzo[a]pyrène urinaire, métabolite du B[a]P, au début du poste suivant (pour évaluer l’exposition de la journée précédente) ou au début de poste en fin de semaine (pour prendre en compte l’accumulation au cours de la semaine de travail) est proposé pour la surveillance biologique des travailleurs exposés à des mélanges d’HAP contenant du B[a]P. Des valeurs biologiques d’interprétation professionnelles et issues de la population générale sont disponibles pour cet indicateur [30].

 

  • Surveillance post-exposition et post-professionnelle

Le médecin pourra s’appuyer sur les recommandations de la Haute autorité de santé concernant la surveillance médico-professionnelle des travailleurs exposés ou ayant été exposés à des cancérogènes pulmonaires ou à des cancérogènes pour la vessie [96, 97].

 

Conduites à tenir en cas d’urgence

  • En cas de contact cutané avec le produit pur ou avec des mélanges d’HAP dont le B[a]P : appeler rapidement un centre antipoison. Retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et laver la peau immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes. Dans tous les cas consulter un médecin.
  • En cas de projection oculaire avec le produit pur ou avec des mélanges d’HAP dont le B[a]P : appeler rapidement un centre antipoison. Rincer immédiatement et abondamment les yeux à l’eau courante pendant au moins 15 minutes, paupières bien écartées. En cas de port de lentilles de contact, les retirer avant le rinçage. Dans tous les cas consulter un ophtalmologiste, et le cas échéant signaler le port de lentilles.
  • En cas d'inhalation de fumées ou d’aérosols susceptibles de contenir du B[a]P : appeler immédiatement un SAMU ou un centre antipoison. Transporter la victime en dehors de la zone polluée en prenant les précautions nécessaires pour les sauveteurs. Si la victime est inconsciente, la placer en position latérale de sécurité et mettre en œuvre, s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Si la victime est consciente, la maintenir au maximum au repos. Si nécessaire, retirer les vêtements souillés (avec des gants adaptés) et commencer une décontamination cutanée et oculaire (laver immédiatement et abondamment à grande eau pendant au moins 15 minutes). Dans tous les cas, consulter rapidement un médecin.
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