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Dichlorvos

Fiche toxicologique n° 116

Sommaire de la fiche

Édition : Novembre 2023

Recommandations

En raison de la toxicité élevée du dichlorvos pour la santé et de ses effets sur l’environnement aquatique notam­ment, des mesures rigoureuses de prévention s’imposent.

Au point de vue technique

Stockage
  • Stocker le dichlorvos dans des locaux frais, secs et bien ventilés (température de stockage inférieure à 30 °C), à l’abri des rayonnements solaires et de toute source de chaleur ou d’ignition (flammes, étincelles...) et à l’écart des acides et des bases.
  • Le sol des locaux sera incombustible, imperméable et formera cuvette de rétention, afin qu’en cas de déverse­ment accidentel le liquide ne puisse se répandre au- dehors.
  • Fermer soigneusement les récipients et les étiqueter correctement. Conserver de préférence le produit dans son emballage d’origine. Si le transvasement ne peut être évité, il est impératif de reproduire l’étiquette sur le nou­vel emballage.
 
Manipulation

Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont applicables aux ateliers où est utilisé le dichlorvos. En outre :

  • Instruire le personnel des risques présentés par le pro­duit, des précautions à observer et des mesures à prendre en cas d’accident.
  • Prévenir toute inhalation de vapeurs ou de brouillards. Effectuer en appareil clos toute opération industrielle qui s’y prête (fabrication du dichlorvos et préparation des insecticides). Prévoir une aspiration des vapeurs à leur source d’émission ainsi qu’une ventilation générale des locaux. Prévoir également des appareils de protection respiratoires isolants pour certains travaux de courte durée, à caractère exceptionnel, ou pour des interventions d’urgence.
  • Éviter tout contact du produit avec la peau et les yeux. Mettre à la disposition du personnel des équipements de protection individuelle: vêtements de travail, gants imperméables et lunettes de sécurité. Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après chaque usage.
  • Prévoir l’installation de douches et de fontaines oculaires.
  • Ne pas fumer, boire ou manger dans les ateliers. Obser­ver une hygiène corporelle et vestimentaire très stricte: passage à la douche, lavage soigneux des mains après manipulation et changement de vêtements après le travail, rangement séparé des vêtements de ville et des vêtements de travail. L’employeur assurera l’entretien et le lavage fréquent des vêtements de travail qui devront rester dans l’entreprise.
  • L’application de préparations insecticides doit être faite en respectant scrupuleusement les doses d’emploi et les précautions indiquées par le fabricant (protection des applicateurs, protection des consommateurs, protection de l’environnement).
  • Lors de l’application de préparations insecticides à base de dichlorvos, le port d’un équipement de protection indi­viduelle approprié est nécessaire: vêtements de travail, gants, bottes, lunettes de sécurité, appareil de protection respiratoire (APR). Le choix de l’APR dépend des conditions de travail. Si un appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre de type A2P3. Ne pas traiter par forte chaleur ou contre le vent et ne jamais procéder par vent violent pour éviter la dispersion du produit toxique sur l’applicateur ou d’autres personnes[42]. En cas d’applica­tion en espaces confinés (serre par exemple), le port d’un appareil respiratoire isolant est nécessaire.
  • Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves et réservoirs contenant ou ayant contenu du dichlorvos sans prendre les précautions d’usage [43].
  • Ne pas rejeter à l’égout ou dans le milieu naturel les eaux polluées par le dichlorvos.
  • En cas de fuite ou de déversement accidentel, récupérer immédiatement le produit après l’avoir recouvert de matériau absorbant inerte (sable, vermiculite...) mélangé -à raison de 3 parties pour 1- à du carbonate de sodium. Laver ensuite à grande eau la surface ayant été souillée.

Si le déversement est important, supprimer toute source potentielle d’ignition, aérer la zone, évacuer le personnel en ne faisant intervenir que des opérateurs entraînés munis d’un équipement de protection approprié.

  • Conserver les déchets dans des récipients spécialement prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions auto­risées par la réglementation (incinération contrôlée, par exemple).

Au point de vue médical

  • En raison de la gravité des intoxications par le dichlorvos, éviter d’exposer les personnes atteintes de derma­toses chroniques, de pathologies hépatiques et/ou rénales sévères.
  • À l’embauche, faire un dosage des cholinestérases san­guines (intra-érythrocytaires et/ou plasmatiques) qui servira de valeur de référence de préexposition. La sur­veillance régulière doit comprendre la recherche de tout symptôme suspect (cutané, neurologique, respiratoire) et le contrôle des cholinestérases sanguines (intra-érythro­cytaires et/ou plasmatiques) à une fréquence fonction des conditions d’exposition.

 

Surveillance biologique de l'exposition

Elle se base sur le dosage de l’activité acétylcholinestérasique intra-érythrocytaire (AChE) et butyrylcholinestéra- sique plasmatique (BuChE); du fait des grandes variabilités intra-individuelles, il est souhaitable de déter­miner les valeurs de référence de l’individu avant toute exposition. La valeur-guide française fixe la réduction de l’activité de l’acétylcholinestérase érythrocytaire à 70 % de la valeur de référence individuelle (même valeur pour l’ACGIH). Toutefois, le dosage de la butyrylcholinestérase (BuChE) est souvent préféré pour des raisons techniques. Plusieurs éléments sont à prendre en considération dans l’interprétation de ces dosages[10].

 

  • En règle générale, toute personne victime d’une intoxi­cation par anticholinestérasique ne doit être réaffectée à un poste comportant un risque d’exposition qu’à la condi­tion d’avoir récupéré un taux de cholinestérases intra- érythrocytaires et plasmatiques du niveau de la valeur de référence (c’est-à-dire dans une fourchette de 20 % par rapport à la valeur de préexposition).
  • En cas de symptômes suspects, alerter aussitôt le médecin.
  • Avertir les femmes enceintes, ou désirant procréer, du risque éventuel, bien que mal connu pour la grossesse, lors d’exposition au dichlorvos.
  • Lors d’accidents aigus, demander dans tous les cas l’avis d’un médecin ou du centre anti-poison régional ou des services de secours d’urgence médicalisés.

 

Conduites à tenir en cas d'urgence

  • En cas de contact cutané, laver la peau à grande eau, immédiatement et pendant quinze minutes au moins; retirer en même temps les vêtements même faiblement souillés ou suspectés de l’être, qui ne seront réutilisés qu’après avoir été décontaminés. En cas de symptômes suspects ou si la contamination est étendue ou prolongée, consulter aussitôt un médecin en raison du risque de sur­venue d’une intoxication générale.
  • En cas de projection oculaire, laver immédiatement et abondamment à l’eau pendant quinze minutes au moins, paupières bien écartées. Consulter un ophtalmologiste dans tous les cas.
  • En cas d’ingestion, uniquement si le sujet est parfaite­ment conscient et si l’on intervient précocement, tenter de le faire vomir et avertir le médecin. Dans tous les cas, faire hospitaliser la victime dans les plus brefs délais.
  • En cas d’inhalation, retirer le sujet de la zone polluée en lui évitant tout effort musculaire et après avoir pris toutes les précautions nécessaires pour les intervenants. Si nécessaire, commencer une décontamination cutanée et oculaire. Maintenir la victime au repos absolu, lui admi­nistrer de l’oxygène si besoin et faire hospitaliser. Si la victime est inconsciente, la placer en position laté­rale de sécurité en cas d’arrêt respiratoire, commencer les manœuvres de respiration assistée (éviter le bouche- à-bouche qui peut présenter un danger pour le sauve­teur). Le médecin doit disposer d’un matériel d’interven­tion comprenant notamment: respiration assistée, atropine, analeptiques. Alerter les secours médicalisés en leur indiquant le nom du produit responsable et faire transférer la victime en milieu hospitalier par une ambu­lance médicalisée.
  • Dans les entreprises où de grandes quantités de dichlorvos sont manipulées ou stockées, l’organisation des secours, y compris le matériel de secours et le contenu de la trousse d’urgence, aura été au préalable prévue par le médecin du travail en collaboration avec les organismes de secours d’urgence.
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