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Maladie à virus Ebola (MVE)

Virus Ebola

Sommaire de la fiche

Édition : octobre 2021

Pathologie [2, 13] Guide de lecture

  • Nom de la maladie

    Maladie à virus Ebola

  • Synonyme

    • MVE Fièvre hémorragique virale (FHV) à virus Ebola

Transmission

Mode de transmission

Le virus Ebola se transmet par contact direct avec les tissus, le sang, ou d'autres liquides biologiques de personnes/animaux infectés, vivants ou décédés ou par contact avec des objets contaminés par ces liquides. Le virus pénètre par voie percutanée (AES, lésion préexistante) ou par voie muqueuse. Une personne infectée peut transmettre le virus dès lors qu'elle est symptomatique (dès l'apparition de la fièvre). Elle est d'autant plus contagieuse qu'elle est "sécrétante" (émission de vomissures ou selles diarrhéiques) et que sa charge virale est élevée. Le virus est présent dans le lait maternel avec un risque de transmission au nourrisson. De plus, la possibilité d'une transmission à partir de patients convalescents, notamment par voie sexuelle, a été mise en évidence. Il n’existe aucun argument actuellement en faveur d’une transmission aérienne de type « air ».  

Période de contagiosité

Le début de la contagiosité est lié à la virémie et donc à l'apparition des premiers symptômes. Plus la maladie évolue, plus le patient est contagieux. Le corps d'un défunt reste contagieux pendant plusieurs jours, responsable en Afrique de transmission lors des rites funéraires. Plusieurs études rapportent la persistance du virus Ebola dans le sperme de patients convalescents de nombreux mois après le début des symptômes.

La maladie

Incubation

La période d'incubation du virus Ebola est de 2 à 21 jours (en moyenne 4 à 10 jours). Elle peut varier en fonction du mode de transmission : 5-7 jours après une inoculation percutanée et une moyenne de 9 jours après contact direct des muqueuses avec les fluides corporels infectés.

Clinique

La MVE débute brutalement par l'apparition de signes peu spécifiques : fièvre, asthénie, myalgies, arthralgies et céphalées.
À la phase aigüe, un exanthème, des signes digestifs et des signes hémorragiques peuvent être présents. Dans 60 à 90 % des cas apparaît en quelques jours une forme sévère avec des symptômes gastro-intestinaux (nausées, anorexie, douleurs abdominales, vomissements et diarrhées) entraînant du fait des pertes gastro-intestinales : déshydratation, insuffisance rénale aigüe, acidose métabolique et anomalies électrolytiques. L'évolution peut se faire vers le choc hypovolémique et la défaillance multi-viscérale. Si des signes hémorragiques non graves sont décrits dans environ 30 % des cas, les complications hémorragiques graves sont relativement rares. L’association détresse respiratoire, troubles digestifs et hémorragiques est corrélée au décès (70 à 94 % de mortalité).
Enfin, des cas d'encéphalopathies sont décrits.
Les patients survivants présentent parfois des séquelles (asthénie persistante, arthralgies, atteintes ophtalmologiques etc.) ; le virus peut persister plusieurs mois, dans les yeux, le liquide cérébrospinal ou le sperme. L’OMS recommande aux hommes ayant survécu à la maladie à virus Ebola d’utiliser un préservatif durant un an ou jusqu’à ce que leur sperme ait donné par deux fois un test négatif pour le virus Ebola.

Diagnostic

Le diagnostic peut être établi à partir de deux principales techniques (13) :

  • RT-PCR virus Ebola, à partir d'échantillons biologiques
  • Sérologie virus Ebola.

L'apparition d'anticorps étant retardée par rapport au début de la symptomatologie, la technique de référence recommandée dans un contexte d'urgence diagnostique est la RT-PCR, exclusivement réalisée par le CNR en cas de suspicion de MVE d'importation sur le territoire national. En cas d'épidémie majeure elle pourra  être réalisée dans un ESRH (établissement de santé de référence habilité) après validation de la technique par le CNR (R1).

La sensibilité de la RT-PCR est corrélée à la charge virale du virus Ebola. Pour cette raison, les prélèvements recueillis dans les 2 jours après l'apparition des symptômes peuvent être faussement négatifs du fait de la faible virémie initiale. Dans ce cas, un second échantillon devra être prélevé au moins 48h après le début de la symptomatologie pour réalisation d'une RT-PCR.

Si le diagnostic est réalisé par un ESRH (contexte exceptionnel) un résultat positif devra être impérativement confirmé en urgence par le CNR.

Les tests sérologiques ont un intérêt rétrospectif mais pas d’intérêt majeur lors d’une épidémie, la positivation des anticorps étant trop tardive

Traitement

L'essentiel du traitement des patients infectés consiste en l'administration de traitements de support (soluté de réhydratation intraveineux ou oraux, solutions électrolytiques). Plusieurs traitement spécifiques sont en cours d'évaluation (antiviraux, anticorps monoclonaux etc.) (2).

Deux traitements à partir d’anticorps monoclonaux (INMAZEB™ (REGN-EB3) et EBANGA™ (mAb114)) ont été approuvés pour le traitement de l'infection par le virus Ebola Zaïre chez les adultes et les enfants par la Food and Drug Administration des États-Unis fin 2020 (6).

Populations à risque particulier

Terrain à risque accru d'acquisition

Pas de donnée

Terrain à risque accru de forme grave

La mortalité est plus élevée chez les moins de 5 ans et les plus de 40 ans.

Immunodépression.

Cas particulier de la grossesse

En général, l'issue de la grossesse est péjorative :

  • mort in utéro ou fausse couche spontanée, hémorragique avec risque de mort maternelle ;
  • contamination in utéro ou lors de l'accouchement avec mort néonatale dans les jours qui suivent l'accouchement.

L'allaitement maternel doit être interrompu en cas de suspicion de maladie à virus Ebola aiguë ou confirmée chez une femme allaitant ou chez un enfant allaité. L'enfant doit être séparé de la femme qui allaite et nourri par un substitut du lait maternel (14).

Immunité et prévention vaccinale

Immunité naturelle

L'infection par le virus Ebola confère une immunité acquise vis à vis de l'espèce concernée.

Prévention vaccinale
Descriptif du vaccin

En France, le vaccin ERVEBO, vaccin vivant atténué recombinant contre le virus Ebola Zaïre en une seule injection, a obtenu une AMM conditionnelle en février 2020 autorisant son utilisation chez les personnes de 18 ans et plus (R1). Pour les professionnels susceptibles d'être exposés, la HAS confirme les recommandations du Haut conseil de la santé publique (HCSP) qui le recommande pour (R2) :

  • les professionnels exposés en zone épidémique sous forme d’une injection 15 jours avant le départ ;
  • les professionnels des établissements de santé susceptibles de prendre en charge un cas de MVE en France (ESR) qui le souhaiteraient et en prophylaxie pour les professionnels qui prennent en charge un cas lors d'un rapatriement.

Une grossesse devra être évitée pendant les 2 mois suivant la vaccination.

Immunité vaccinale

La durée de protection par le vaccin n’est pas connue. Aucun corrélat immunologique de protection n’a été défini à ce jour

Liens utiles